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Opportunités d'investissement en Birmanie - Interview pour SwissQuote

18 mars 2014

Le texte qui suit est extrait d'une interview donnée par L'Economiste pour le magazine suisse SwissQuote.

La Birmanie s’ouvre enfin à la mondialisation, laissant entrevoir un immense potentiel de croissance. Sylvain Fontan, économiste indépendant et fondateur du site «L’Economiste», détaille les possibilités d’investissement.

SwissQuote _ www.leconomiste.eu

SWISSQUOTE MAGAZINE : Quelle est la situation politique et économique de la Birmanie?

SYLVAIN FONTAN (L'ECONOMISTE): La Birmanie sort d’une longue période de dictature militaire. En avril 2012, Aung San Suu Kyi, la secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie, a été élue députée. Le pays est encore fragile et l’armée jouit toujours d’une influence importante mais le processus de démocratisation est enclenché. Par conséquent, l’Europe et les Etats-Unis ont levé leurs sanctions économiques et les investissements étrangers sont à nouveau possibles. Il faut savoir que le pays est actuellement l’un des plus pauvres d’Asie du Sud-Est. Les infrastructures y sont très peu développées, ce qui représente à la fois un frein et une opportunité pour l’investissement, qui doit être réfléchi et prudent. Le gouvernement birman a également adopté des mesures pour doper l’investissement étranger en facilitant les démarches administratives mais aussi en accordant un congé fiscal de cinq ans aux nouvelles entreprises. Le pays a une réelle envie de s’ouvrir à la mondialisation pour gagner son indépendance économique. Jusqu’à présent, il vivait quasiment en autarcie. Seul un quart de son PIB provient du commerce extérieur, principalement de ses exportations de pétrole et de gaz vers la Chine et l’Inde.

 

SQM : Actuellement, à quel niveau se situent les investissements étrangers?

SF : Entre 2012 et 2013, ils ont quintuplé, passant de 300 millions à 1,5 milliards de dollars. Ils proviennent principalement de Chine, de Hong Kong, du Japon, de la Corée du Sud et de Singapour. La Chine, très présente en Birmanie, investit surtout dans les infrastructures. Elle participe aux projets de barrages, de ports en eau profonde et d’oléoducs-gazoducs pour se faire acheminer du pétrole et du gaz depuis le golfe du Bengale. Pour l’heure, les Européens et les Américains sont peu présents. La concurrence s’avère encore faible, ce qui laisse une grande marge de manœuvre pour investir.

 

SQM : Qu’en est-il de la population birmane? Une classe moyenne est-elle en train d’apparaître?

SF : La classe moyenne est encore inexistante mais tout laisse à penser qu’elle va apparaître dans les cinq ans. Entre 2012 et 2013, le PIB a affiché un taux de croissance de 6,5%, selon les estimations du FMI. On peut imaginer que le gouvernement va maintenir et consolider ses récents acquis en termes d’ouverture à la mondialisation. Tout le monde gagnerait à l’émergence d’une classe moyenne et le gouvernement l’a bien compris. Avec un processus de démocratisation enclenché, des investissements étrangers en très forte augmentation et un PIB qui grimpe à toute vitesse, tous les indicateurs économiques sont au vert. La Birmanie s’ouvre enfin à la mondialisation, laissant entrevoir un immense potentiel de croissance.

 

SQM : Dans quels secteurs est-il judicieux d’investir?

SF : La téléphonie mobile s’avère très prometteuse. La Birmanie compte environ 60 millions d’habitants, et seuls 3% d’entre eux possèdent un téléphone portable. Conscient de l’importance qu’il y a à développer le réseau de communication, le gouvernement a lancé un appel d’offres auprès de plusieurs opérateurs. Les deux lauréats sont les sociétés Telenor (Norvège) et Ooredoo (Qatar). L’objectif fixé est clair: munir 80% de la population d’un téléphone portable et d’un accès au réseau d’ici à 2016. L’opération va commencer dès le milieu de cette année. Avec autant de nouveaux abonnés en si peu de temps, on peut clairement s’attendre à ce que le cours des actions de ces entreprises augmente significativement.

 

SQM : Quels autres secteurs sont à observer?

SF : L’agriculture, car 45% du PIB de la Birmanie provient du secteur primaire. Afin d’augmenter ses exportations, le gouvernement veut améliorer le rendement de ses cultures. Il est donc intéressé par les biotechnologies et projette de collaborer notamment avec l’entreprise suisse Syngenta pour des cultures de riz hybride. Le secteur des infrastructures se développe aussi fortement. Le pays a besoin de bâtir des ports en eau profonde, toujours dans le but d’augmenter ses exportations. Le groupe français Bouygues Construction est déjà présent sur place et participe à ces projets d’envergure. Et bien sûr, le tourisme est un secteur à observer de près. L’hôtellerie en particulier, si l’on considère le fait que Rangoon, la capitale, dispose de seulement 8’000 chambres actuellement. Le groupe français Accor, parmi d’autres, prospecte pour développer son activité dans le pays. La situation de la Birmanie me fait penser à celle de la Thaïlande il y a 50 ans. Celle-ci voyait alors passer seulement 300’000 touristes par année, contre 14 millions aujourd’hui.

Sylvain Fontan

Economiste indépendant

www.leconomiste.eu

 

Pour aller plus loin

Sylvain Fontan, “Birmanie et opportunités d'investissements dans un marché "frontière" largement inexploité”, analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 09/01/2014.

Sylvain Fontan, “ Vers un rattrapage économique de la Birmanie ”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 23/05/2013.

Citation

Sylvain Fontan, « Opportunités d'investissement en Birmanie », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 18/03/2014.