"Un peuple est pacifique aussi longtemps qu'il se croit assez riche et redouté pour installer sournoisement sa dictature économique" - Georges BERNANOS
"L’économie se venge toujours" - Raymond BARRE
"Pour être valable toute théorie, quelle qu'elle soit, doit être confirmée, tant dans ses hypothèses que dans ses conséquences, par les données de l'observation" - Maurice ALLAIS
"Le rituel de l’échange est le rituel majeur de la neutralisation de la violence " - Jacques ATTALI
"J'ai déjà croisé le mensonge, le fieffé mensonge. Mais avec le ministère de l'économie, je découvre le stade ultime: la statistique" - Benjamin DISRAELI
"L'impôt tue l'impôt" - Arthur LAFFER
"Il y a deux manières de conquérir et d'asservir une nation, l'une est par les armes, l'autre par la dette." - John ADAMS
"La confiance est une institution invisible qui régit le développement économique" - Kenneth ARROW
"Je parle de l’esprit du commerce qui s’empare tôt ou tard de chaque nation et qui est incompatible avec la guerre" - Emmanuel KANT
"Les gouvernements ont une vision très sommaire de l’économie. Si ça bouge, ajoute des taxes. Si ça bouge toujours, impose des lois. Si ça s’arrête de bouger, donne des subventions" - Ronald REAGAN
11 février 2022
Friedrich Hayek a scandalisé l’opinion progressiste en déclarant à propos du régime de Pinochet : « Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme » (Entretien avec le quotidien chilien El Mercurio, 12 avril 1981).
Arrivé au pourvoir en 1973 grâce à un coup d’État, le dictateur chilien a fortement libéralisé l’économie en rétablissant la liberté des échanges et l’ouverture du pays à la concurrence internationale. Ces réformes ont été concomitantes de multiples violations des droits de l’homme qui ont entraîné l’exil de centaines de milliers de citoyens. Dès lors, la phrase de l’économiste autrichien a été interprétée comme une manifestation de soutien à un régime militaire dictatorial.
D’un certain point de vue, cette accusation n’est pas infondée, car Hayek a multiplié les éloges – plus ou moins discrets et mesurés – de la politique économique de Pinochet ; il s’est même rendu sur place à plusieurs reprises et a rencontré le dictateur en personne. Lors de leur première rencontre, en 1977, il lui aurait parlé des obstacles à la démocratie et à la représentativité du gouvernement, mais en lui disant aussi qu’une démocratie illimitée n’est pas non plus souhaitable parce qu’elle génère elle-même les forces qui en viennent à détruire la démocratie. Le dictateur lui a alors demandé de lui fournir ce qu’il avait écrit sur le sujet, de telle manière que la nouvelle constitution chilienne de 1980 aurait été inspirée par la pensée de l’économiste. Quand celui-ci est retourné au Chili en 1981, il a pris du temps en plus de ses obligations officielles pour se rendre compte par lui-même des conditions de vie des Chiliens : les enfants lui sont apparus robustes et en bonne santé.
La citation de Hayek doit cependant être relativisée si l’on tient compte des nuances de sa pensée. En effet, le Prix Nobel autrichien ne condamne pas spontanément le régime chilien pour trois raisons :
Ainsi, la clé de compréhension de la citation réside dans le caractère nécessairement transitoire de la dictature, nuance exprimée dans la phrase suivante de l’interview : « Mon impression personnelle est que […] au Chili par exemple, nous assisterons à la transition d’un gouvernement dictatorial vers un gouvernement libéral ».
Citation
Romain Treffel, « Hayek et Pinochet », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 13/04/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».