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"C'est en poussant à bout le mouvement économique que le prolétariat s'affranchira et deviendra l'humanité" - Jean JAURES

"Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice." - MONTESQUIEU

"C'est uniquement parce que nous sommes libres dans le choix de nos moyens que nous sommes aussi libres dans le choix de nos fins. La liberté économique est par conséquent une condition indispensable de toute autre liberté" - Friedrich HAYEK

"Un Economiste peut commettre deux erreurs, la première consiste à ne pas calculer et la seconde à croire en ce qu’il a calculé" - Michal KALECKI

"L'épargne et l'accumulation de biens de capitaux qui en résulte sont au début de chaque tentative d'améliorer les conditions matérielles de l'homme; c'est le fondement de la civilisation humaine" - Ludwig Von MISES

"Les hommes n'étant pas dotés des mêmes capacités, s'ils sont libres, ils ne sont pas égaux, et s'ils sont égaux, c'est qu'ils ne sont pas libres" - Alexandre SOLJENITSYNE

"Le gouvernement ayant pris ainsi la place de la Providence, il est naturel que chacun l'invoque (...). Aussi rencontre-t-on un nombre immense de requêtes qui, se fondant toujours sur l'intérêt public, n'ont trait néanmoins qu'à de petits intérêts privés" - Alexis de TOCQUEVILLE

"Quand vous êtes capable, feignez l'incapacité. Quand vous êtes proche, feignez l'éloignement. Quand vous êtes loin feignez la proximité" - Sun TZU

"Un problème politique est un problème économique sans solution" - Georges ELGOZY

"Il n'y a que deux possibilités, soit un système dirigé par la discipline impersonnelle du marché, soit un autre dirigé par la volonté de quelques individus; et ceux qui s'acharnent à détruire le 1er contribuent, sciemment ou inconsciemment, à créer le 2nd" - Friedrich HAYEK

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Le Bilan de François Hollande après 1 an au pouvoir

6 mai 2013

Un an après l'élection de François Hollande à la tête de la 5ème économie mondiale, il convient de réaliser un bilan d'étape. Le bilan ne portera pas sur les promesses de campagne, ni sur l'analyse économique du candidat, en comparaison aux réalisations effectives et aux réalités économique. Le bilan portera sur les différents paris économiques et sur leurs résultats; le tout dans un contexte où la France n'a plus la maîtrise de sa politique monétaire et de change, et où sa politique budgétaire est fortement contrainte.

Photo officielle Président Vème République Française - François Hollande

 

Le pari perdu de la réduction des déficits et de la stimulation de la croissance

Initialement, l'objectif était de réduire les déficits tout en développant la croissance. Pour ce faire, il fallait pouvoir mener en même temps deux fronts. D'une part, la réduction des déficits publics à 3% du PIB comme le pays s'y était engagé auprès de ses partenaires européens, et d'autre part, mener à bien des négociations sur différents sujets pouvant amener des leviers de croissance.

La réduction des déficits à 3% poursuit un triple objectif. Tout d'abord, (1) assurer la crédibilité de la France sur ses engagements, ensuite (2) ne pas remettre en cause la construction européenne, et enfin (3) regagner des marges de manœuvres budgétaires dans un second temps. Toutefois, cet aspect de réduction des déficits n'a pas été atteint car le gouvernement espérait que la crise serait finie rapidement après son arrivée, alors qu'en fait elle a perduré et qu'une spirale récessive s'est progressivement mise en place. Dès lors, pour atteindre cet objectif le gouvernement a dû mettre en place des politiques de rigueur budgétaire. Comme le gouvernement n'a pas engagé la réduction des dépenses publiques, cette rigueur budgétaire ne pouvait provenir que de la hausse des impôts. La hausse brutale des prélèvements s'est accompagnée d'un manque de visibilité et de stabilité fiscale, et d'un discours anti-entreprises. Au final, les ménages et les entreprises ont arrêté de consommer et d'investir, ce qui a aggravé la spirale récessive.

Le front du développement de la croissance a été ouvert à deux niveaux: au niveau européen avec l'intention de renégocier le pacte signé par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, et au niveau national avec l'intention de développer les négociations concernant la modernisation du pays.

  • Au niveau européen, le résultat est sans conteste un échec car aucun plan de relance n'est compris au niveau européen. La situation s'est en outre dégradée depuis l'arrivée de François Hollande. En effet, d'une part le traité européen dont il est question n'a pas été modifié, et d'autre part, le dernier budget européen en date a même été diminué pour la première fois depuis la création de l'Union Européenne. Au passage les relations franco-allemandes se sont sensiblement dégradées, ce qui hypothèque les possibilités pour l'avenir.
  • Au niveau national, la réforme du "mille feuilles" territorial et les négociations concernant la modernisation des organismes publics vont finalement accoucher d'un alourdissement plutôt que d'un allégement. Dès lors, la maitrise des dépenses publiques et l'amélioration de la compétitivité semblent avoir donné des résultats absents ou négatifs.

Plusieurs indicateurs traduisent la dégradation de la situation de la France depuis un an

1) Record historique de nombre de chômeurs : 10% de chômeurs en plus (+340'000) en un an.

2) Une économie en récession : la France avait réussi à retrouver une croissance positive après la grave crise de 2008-2009. Toutefois, 2012 verra une croissance à 0% au mieux, et une récession pour 2013.

3) Objectifs de déficits publics non tenus : la France s'était engagée à atteindre 3% de déficit public en 2013, ils seront finalement proche de 4%.

4) Un niveau record d'imposition : le niveau global des prélèvements obligatoires bats un record en 2013 avec 46,3% d'imposition et va encore augmenter en 2014 à 46,5%.

5) Un niveau record de dépenses publiques : des dépenses publiques qui ne cessent d'augmenter et qui représentent plus de la moitié de la richesse nationale à 57%.

6) Une baisse historique du pouvoir d'achat : le pouvoir d'achat des ménages a diminué de -0,4% en 2012, soit la première fois depuis 1984.

7) Le climat des affaires est en berne : le moral des ménages et des entreprises qui représente un indicateur avancé de l'activité ne cesse de diminuer.

8) Un déficit commercial très mauvais : avec -67,4 milliards d'euros en 2012 de déficit commercial, la France connaît là son deuxième plus mauvais résultat commercial.

La dangereuse attente du retour de la croissance venue de l'étranger

François Hollande place maintenant ses espoirs dans le retour naturel d'un cycle économique. Il base son analyse sur le constat que (1) la reprise aux Etats-Unis semble solide, que (2) les pays d'Europe du Sud semblent se stabiliser, et enfin que (3) l'Allemagne et la Chine devront tôt au tard relancer leur consommation interne et donc augmenter leurs importations. Il espère que la France en profitera le moment venu pour relancer sa croissance et ainsi diminuer ses déficits.

En pratique, cette politique attentiste revient à acheter du temps. La France espère que les efforts de ses voisins, et plus largement des pays du monde, suffiront à relancer la croissance mondiale. La France pourrait alors s'accrocher à cette croissance mondiale retrouvée et ainsi bénéficier des avantages sans en avoir payé le prix. Toutefois, ce calcul est basé sur l'hypothèse que la crise n'est pas structurelle, que la croissance reviendra forcément un jour, et que la France pourra s'y insérer sans se réformer.

Le problème est que le temps est compté et que la crise n'est pas passagère.  Pendant que la France diffère la transformation de son Etat et du fonctionnement de son économie pour l'adapter au monde globalisé du XXIème siècle, les autres pays concurrent adoptent une stratégie offensive. En effet, ces derniers vont chercher la croissance pendant que la France l'attend. Ils développent pour cela des politiques sociales (Europe du Nord), fiscales (Europe du Sud) et monétaires (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Chine et Japon) pour développer la croissance et profiter de la mondialisation. Tôt ou tard, à force de repousser la nécessaire mise en place de politiques capables de relancer l'investissement et la croissance, la situation de la France ne sera plus soutenable, et à ce moment-là les politiques seront fortement contraintes au point d'être imposées de l'extérieur.

Citation

Sylvain Fontan, “Le Bilan de François Hollande après 1 au pouvoir”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 06/05/2013.

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