"Il y a deux manières de conquérir et d'asservir une nation, l'une est par les armes, l'autre par la dette." - John ADAMS
"L'offre créée sa propre demande" - Jean-Baptiste SAY
"La puissance productrice d’un pays peut s’accroître d’une façon plus que proportionnelle à l’augmentation du chiffre de sa population" - Alfred MARSHALL
"Il est aussi absurde de parler de démocratie ou d'efficacité économique dans une société communiste que d'évoquer un capitalisme sans argent" - Alexandre ZINOVIEV
"Il serait un mauvais économiste celui qui ne serait qu’économiste" - Friedrich HAYEK
"On taxe les riches car ils sont riche et on taxe les pauvres car ils sont nombreux " - blague de fiscaliste
"On appelle progrès technique une capacité d’action de plus en plus efficace que l’homme acquiert par l’effort intellectuel sur les éléments matériels" - Jean FOURASTIE
"Un peu d’internationalisation éloigne de la patrie, beaucoup y ramène" - Jean JAURÈS
"L'étonnante tâche des sciences économiques est de démontrer aux hommes combien en réalité ils en savent peu sur ce qu'ils s'imaginent pouvoir modeler" - Friedrich HAYEK
"Si vous m'avez compris c'est que je me suis mal exprimé" - Alan GREENSPAN
16 septembre 2015
L'Afrique a longtemps été le pré carré de la France, et plus largement des pays occidentaux, au travers de sa colonisation historique. L'Histoire a ainsi créé des liens économiques et culturels forts entre l'Afrique et les pays occidentaux. Toutefois, la globalisation et l'émergence de la Chine comme nouvel acteur sur la scène internationale changent profondément la situation des relations économiques de l'Afrique. Dès lors, et bien que le continent africain conserve des liens forts avec l'Occident, son centre de gravité et ses intérêts se déplacent de plus en plus vers l'Asie, et notamment la Chine. La stratégie de la Chine vis-à-vis de l'Afrique se décline sous trois angles : diplomatie active et accommodante, forte présence de groupes publics, et enfin fortes sommes d'argent.
Des relations économiques accrues motivées par la complémentarité des échanges
Alors que les échanges entre l'Afrique et la Chine étaient très marginaux en 2000 avec seulement 10 milliards de dollars d'échanges, les relations se sont fortement accrues. En effet, les échanges commerciaux entre les deux zones représentent maintenant en 2012 environ 200 milliards de dollars, et font de la Chine le premier partenaire commercial de l'Afrique avec deux fois plus d'échanges qu'avec les Etats-Unis. La modification de l'ordre des partenaires commerciaux de l'Afrique n'est pas anodine. Elle traduit d'une part la perte d'activité et d'influence de l'Europe de l'Ouest et des Etats-Unis sur l'Afrique sous l'effet notamment de la crise globale; et d'autre part, elle souligne la montée en puissance de la Chine, et dans une moindre mesure celle de l'Afrique.
L'augmentation des relations économiques entre l'Afrique et la Chine n'est pas le résultat d'une volonté d'exclure les pays occidentaux du continent. Elle est le résultat d'intérêts communs croissants :
1) la Chine s'intéresse au marché africain qui se développe rapidement, sans être trop impacté par la crise globale du fait de sa relative faible intégration dans la mondialisation. De plus, le marché africain connait des taux de croissance parmi les plus élevés du monde. L'Afrique profite de la Chine pour importer des biens de consommations (notamment textile et électronique) à des prix modestes qui conviennent ainsi à l'équipement des ménages africains et à leurs moyens.
2) Toutefois, l'aspect primordial qui motive l'accroissement des échanges est celui des matières premières. En effet, pour soutenir sa croissance, la Chine a un besoin important de se fournir en pétrole, charbon, gaz et métaux. L'Afrique dont le sous-sol est riche de ces matières premières profite de cette opportunité pour augmenter ses revenus tirés des exportations. De plus, la Chine a besoin de nourrir la première population de la planète, ainsi que de trouver de la nourriture pour son bétail. L'Afrique lui propose ainsi de grandes quantités de terres non utilisées propices à la culture de nombreuses denrées alimentaires.
Des relations économiques déséquilibrées et relativement contraintes
L'intérêt de la Chine pour l'Afrique pendant la période maoïste jusque dans les années 70 était essentiellement dû à des considérations idéologiques. Depuis cette époque, la Chine s'est convertie à l'économie de marché et a abandonné le modèle d'une économie socialiste (même s'il convient de souligner que la Chine propose en réalité un modèle hybride original). La transition économique de la Chine au capitalisme date des années 80, et le changement est très visible depuis le début des années 2000. Dès lors, l'intérêt toujours présent de la Chine pour l'Afrique revêt surtout un aspect économique, beaucoup plus qu'idéologique.
La preuve du renouveau de cet intérêt de la Chine pour l'Afrique est le lancement du premier sommet Chine-Afrique en 2006 et la multiplication des visites officielles, des investissements et des projets d'infrastructures sur tout le continent. Contrairement à l'Europe et aux Etats-Unis qui mettent toujours en avant la bonne gouvernance et les droits de l'homme lors des projets d'aides et de développement économiques, la Chine parle davantage de non-ingérence dans les affaires internes du pays et de fourniture d'aides sans conditions. Les pays africains sont beaucoup plus enclins à apprécier ce langage diplomatique que celui des puissances occidentales.
Toutefois, les pays africains n'ont pas le même pouvoir de négociation que la Chine. L'Afrique est un conglomérat de pays pauvres pour la plupart, avec peu ou pas de vision stratégique d'ensemble ni de long terme. De plus, la faible diversification des économies africaines les rend généralement très dépendantes d'un petit nombre de produits. Dès lors, le pouvoir de négociation est très favorable aux entreprises chinoises, qui sont la plupart du temps des entreprises publiques et qui donc parlent avec tout le poids de l'Etat chinois derrière elles.
Le pouvoir de négociation de la Chine est d'autant plus fort que l'Afrique n'a pas réalisé les efforts d'infrastructures nécessaires à l'exploitation par elle-même de ses ressources. Ainsi, la Chine accorde des aides à l'Afrique, et se charge des coûts liés au développement des infrastructures, mais à la condition qu'elle puisse en retour exploiter ces ressources naturelles. Pratiquement, le "contrat" est le suivant : la Chine offre son expertise, sa technologie et ses fonds en échange de la possibilité de pouvoir exploiter librement et bénéficier des ressources naturelles nécessaires à la croissance chinoise.
Des relations économiques tendues dont l'Afrique cherche à se défaire partiellement
Concrètement, énormément de chantiers ouverts par la Chine sont actuellement en cours en Afrique, mais la plupart sont pris en charge par des entreprises publiques chinoises. Il y a près de 800 entreprises publiques chinoises en Afrique. Elles embauchent la plupart du temps une main d'œuvre provenant de Chine qui ne profite pas à la population locale, notamment dans le domaine de la construction. Quand la population locale est sollicitée c'est généralement à des conditions chinoises (salaires, horaires, termes du contrat,...). De plus, la tradition commerçante de la Chine fait qu'il y a actuellement près de un million de chinois en Afrique qui ouvrent des magasins et des restaurants. Le tout crée un climat de plus en plus tendu entre les différentes communautés.
L'Afrique est de plus en plus consciente de sa position vis-à-vis de la Chine et elle cherche des solutions pour amoindrir sa dépendance. Plusieurs stratégies sont développées:
Citation
Sylvain Fontan, “Chine et Afrique : relations économiques accrues mais tendues”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 10/05/2013.