"Le socialisme est une philosophie de l'échec, le crédo de l'ignorance et l'évangile de l'envie " - Winston CHURCHILL
"En période de mobilité économique, la souplesse est une condition vitale du plein emploi" - Alfred SAUVY
"Qui parle sème ; qui écoute récolte " - PYTHAGORE
"Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées." - Winston CHURCHILL
"Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice." - MONTESQUIEU
"C'est uniquement parce que nous sommes libres dans le choix de nos moyens que nous sommes aussi libres dans le choix de nos fins. La liberté économique est par conséquent une condition indispensable de toute autre liberté" - Friedrich HAYEK
"Le bon stratège contraint l'ennemi et ne se laisse pas contraindre" - Sun TZU
"Quand un économiste vous répond, on ne comprend plus ce qu’on lui avait demandé " - André GIDE
"Les hommes ne voient la nécessité que dans la crise " - Jean MONNET
"Les investissements d'aujourd'hui sont les profits de demain et les emplois d'après demain" - Helmut SCHMIDT
4 janvier 2022
Les 11 années pendant lesquelles Margaret Thatcher a dirigé la Grande-Bretagne correspondent à une transformation historique des fondements de la politique économique britannique. Elle déclara un jour: "Le problème avec le socialisme, c’est que, tôt ou tard vous êtes à court de l’argent des autres". Cette critique du socialisme souligne bien sa vision libérale et fondamentalement anti-communiste qui guidera son action politique et économique tout au long de ses trois mandats en tant que Premier Ministre, de 1979 à 1990. Son slogan préféré était "There is no alternative" ("Il n'y a pas d'alternative"). Cette phrase décrit quant à elle son mode de fonctionnement, à savoir : un refus du consensus; certains diraient un refus de la concession. Ironie de l'histoire, c'est ce refus du compromis qui l'amena à la fois au pouvoir et à sa chute.
Margaret Thatcher accède au pouvoir durant une période économique troublée :
La situation économique britannique s'est fortement dégradée depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le périmètre de l'Etat s'est considérablement élargi avec notamment la nationalisation des services et des transports, et la création d'un Etat-Providence (protection sociale, santé, assurance-maladie, retraites,...). Avant les élections de 1979, la Grande-Bretagne fait face à une inflation galopante (+25%) et est sous perfusion de la part du FMI (Fond Monétaire International). Cette aide financière est une humiliation pour un pays vainqueur de la seconde guerre mondiale, ancien premier empire et ancienne première puissance mondiale, qui n'est de fait plus maître de son destin car il a perdu la maîtrise de ses finances. De plus, le pays est paralysé par les grèves de syndicats (transports, éducation, services publics) qui ont pris une place très importante dans le pays. Ils réclament des hausses de salaires alors que le pays est en stagflation (coexistence d'une forte inflation et d'une croissance économique négative).
Le pays mets en place des réformes libérales pour développer l'activité économique :
L'idée est de diminuer la taille de l'Etat et de la fiscalité sur les agents économiques (entreprises et ménages). Pour ce faire, Thatcher décide dans un premier temps de privatiser (télécoms, hydrocarbures, ferroviaire,...), ce qui permet d'une part de diminuer les dépenses de l'Etats, et d'autre part, de renflouer les finances publiques afin in fine de se libérer du poids du FMI. Ensuite, elle décide de lutter contre l'inflation en mettant en place une politique budgétaire et monétaire rigoureuses en remettant en cause certaines dépenses publiques (sociales et subventions à certaines industrie comme l'automobile et les mines). En parallèle, elle décide de diminuer les impôts pour libérer l'activité économique et ne pas entraver la consommation et les investissements. Enfin, elle développe la finance en diminuant les entraves qui pesaient sur cette industrie, pour faire de Londres une des principales places financières du monde et la première d'Europe. Le but final est de redresser l'économie et d'arrêter de faire peser le financement à crédit de l'économie sur les jeunes et les générations futures.
Une stratégie de lutte contre les syndicats est développée afin de réduire leur impact :
Hormis l'aspect idéologique qui amenait Thatcher à estimer les syndicats comme nuisibles au pays, sa volonté d'affaiblir les syndicats découle d'un raisonnement pragmatique. En effet, elle sait que ses réformes ne pourront amener les résultats positifs escomptés que si les syndicats ne les font pas échouer. Or, étant donné le poids, les caractéristiques et le positionnement politique des syndicats en Grande-Bretagne, ainsi que l'urgence de la situation économique, la solution ne peut pas passer par le dialogue mais par une lutte frontale.
La stratégie d'affaiblissement politique des syndicats britannique, afin d'atteindre les objectifs économiques, se déroule en trois temps: politique énergétique, ordre public et droit syndical. (1) la politique énergétique consiste à sécuriser la capacité de production et d'approvisionnement en énergie afin d'éviter le blocage et la prise en otage du pays. (2) En parallèle, les forces de police sont renforcées pour pouvoir lutter physiquement avec des syndicats très puissants. (3) Enfin, d'une part, les services de renseignements vont développer le réseau d'informateur au sein des syndicats, et d'autre part, le droit syndicat va être réformé afin de, notamment, limiter le droit de grève.
Un bilan économique positif malgré des critiques concernant les inégalités :
Dans un premiers temps, les résultats sur le front économique se sont dégradés. Les politiques de rigueur ont tout d'abord contracté l'économie et le nombre total de chômeurs est passé de 2 millions en 1980 à 3,2 millions en 1986. Mais ces résultats négatifs sont à mettre en parallèle avec la diminution de l'inflation qui amputait jusque-là le pouvoir d'achat des ménages. De plus, il faut relativiser la responsabilité de Thatcher dans cette augmentation du chômage car la conjoncture internationale n'était pas propice. L'effet de cette hausse du chômage avec la baisse parallèle des dépenses publiques sociales a été une précarisation d'une frange de la population.
La seconde partie de la période Thatcher aura permis le redressement de l'économie. Les richesses du pays se sont accrues et le chômage a chuté. Le PIB/habitant a dépassé celui de la France. Une majorité de la population est devenue propriétaire de son logement grâce à des facilités d'accession à propriété et des incitations fiscales. Egalement, la population britannique est devenue une population d'actionnaires grâce à des encouragements fiscaux. L'intérêt également de cette population d'actionnaires est de pouvoir financer les entreprises.
Une comparaison internationale vient confirmer cette situation économique positive. A la fin des années 1970, la Grande-Bretagne était le pays parmi les grands pays industrialisés (France, Italie, Allemagne, Japon, Etats-Unis) dont les revenus par personne progressaient le moins rapidement, et où l'inflation et le chômage étaient les plus élevés. Au début des années 90, c'est le pays qui présente les meilleurs résultats sur ces aspects.
Conclusion:
La "Dame de fer", comme l'ont appelé les soviétiques, aura dû faire face à une situation économique très dégradée suite à des années de laxisme. Sa politique a consisté à lancer des réformes économiques libérales et à lutter contre le pouvoir des syndicats. Beaucoup de courage politique aura été nécessaire pour mener à bien ces deux aspects de sa politique. A ce sujet elle disait : "En politique, si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme". Malgré des débuts compliqués sur le terrain des résultats, elle aura laissé son pays dans un bien meilleur état qu'à son arrivée. Paradoxalement, c'est un personnage politique qui défendait l'idée de moins d'Etat et moins de politique, et donc plus de privé et plus d'économie, qui a permis cette mutation.
Citation
Sylvain Fontan, “Bilan de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 09/04/2013.