"Il ne peut y avoir de crise la semaine prochaine, mon agenda est déjà plein " - Henry KISSINGER
"Prenons le cas de Singapour. […] On dirait un miracle économique. Mais le miracle est moins celui de l’inspiration que celui de la transpiration" - Paul KRUGMAN
"Les bonnes questions ne se satisfont pas de réponses faciles" - Paul SAMUELSON
"L’inflation est toujours un phénomène monétaire" - Milton FRIEDMAN
"La protection douanière est notre voie, le libre-échange est notre but " - Friedrich LIST
"La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L’homme est une création du désir, et pas une création du besoin" - Gaston BACHELARD
"Je crains le jour où la technologie dépassera nos relations humaines. Le monde aura une génération d'idiots " - Albert EINSTEIN
"C'est en poussant à bout le mouvement économique que le prolétariat s'affranchira et deviendra l'humanité" - Jean JAURES
"Vous ne pouvez pas taxer les gens quand ils gagnent de l'argent, quand ils en dépensent, et quand ils épargnent" - Maurice ALLAIS
"Les hommes ne voient la nécessité que dans la crise " - Jean MONNET
31 mars 2021
Mercredi 12 Mars 2014 est sorti en salle le film documentaire intitulé "Braddock". Le film aborde le sort d'une ville du Nord-est des Etats-Unis appelée Braddock suite à sa désindustrialisation. En effet, cette ville était un bastion historique de la sidérurgie américaine d'où elle tirait sa prospérité, avant de progressivement péricliter et d'être aujourd'hui emblématique d'un monde qui meurt et qui n'a pour partie pas anticipé la nécessité de se renouveler.
N'ayant pas la prétention d'être un expert de la chose cinématographique, à fortiori lorsqu'il s'agit d'un film documentaire, l'analyse suivante n'émettra pas d'avis sur cet aspect précis. Néanmoins, à titre professionnel, L'Economiste est tenté de souligner certains points et réflexions qui émergent lors du visionnage de ce film.
Tout d'abord, ce film est à relier à des sujets peu ou prou connexes déjà abordés sur ce site. En effet, plusieurs analyses ou bulletins économiques permettent de mieux appréhender le film, à savoir : en premier lieu la faillite et la désindustrialisation de la ville Détroit, puis la réalité du processus de réindustrialisation aux Etats-Unis, ensuite le changement de monde en cours révélé avec acuité par la crise globale, et enfin une réflexion sur la désindustrialisation de la France.
Ensuite, voici plusieurs éléments et réflexions qui émergent dans l'esprit de l'économiste qui visionne ce film :
Enfin, au-delà de l'aspect humain sur lequel le film se focalise, un élément d'économie politique majeur ressort en filigrane. Le film fait ressortir une ville et une ambiance parfois sinistre du fait même du sujet abordé et de la manière dont ce dernier est traité. Néanmoins, plus sinistre encore, est probablement ce qui émerge lorsqu'un spectre temporel, géographique, analytique et thématique plus large est utilisé. En effet, le film illustre parfaitement bien une constante des mutations industrielles non anticipées que connaissent plusieurs pays occidentaux. Par manque de vision ou par manque de courage politique et de discours de vérité quant aux implications inéluctables des évolutions économiques contemporaines, les premières victimes de cette erreur originelle se trouvent justement être celles dont les dirigeants politiques voulaient initialement et officiellement préserver des évolutions économiques néfastes en repoussant autant que possible les échéances. In fine, la situation de la ville de Braddock est une allégorie de ce qui attend les pays occidentaux industrialisés qui ne voient pas, ou ne veulent pas voir, le basculement du monde à l'œuvre. Elle met en exergue une préférence forte au court terme pour des raisons de confort immédiat, une incapacité à adopter une vision stratégique de long terme souvent plus exigeante, et une propension élevée à considérer la puissance et le niveau de vie acquis comme des "biens" immuables pour lesquels il est inutile de se remettre en question pour tenter de le conserver. C'est oublier qu'à l'échelle de l'Histoire le siècle passé est une anomalie, et que selon la théorie des cycles hégémoniques, le coût du maintien de cette puissance engendre quasi inéluctablement son déclin relatif. Il devient par conséquent nécessaire et impératif de préparer en amont cette transition.
Pour aller plus loin
Sylvain Fontan, « La ré-industrialisation des Etats-Unis», bulletin économique publiée sur «www.leconomiste.eu» le 11/11/2013.
Sylvain Fontan, “La faillite de la ville de Détroit aux Etats-Unis : triomphe et déclin”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 30/07/2013.
Sylvain Fontan, “ Réflexion sur la désindustrialisation de la France ”, analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 3/12/2013.
Sylvain Fontan, « La crise globale (2007 - ?)», bulletin économique publiée sur «www.leconomiste.eu» le 26/04/2013.
Citation
Sylvain Fontan, « Film "Braddock - America" », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 13/03/2014.