"On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple" - Victor HUGO
"Le socialisme est une philosophie de l'échec, le crédo de l'ignorance et l'évangile de l'envie " - Winston CHURCHILL
"N'acceptez ni les vérités d'évidence, ni les illusions dangereuses" - Maurice ALLAIS
"La communication d’entreprise est une rare petite période heureuse entre deux communications de crise " - Thierry ORSONI
"L'humanité n'est pas sortie de l'âge de pierre parce qu'il n'y avait plus de pierres" - Ahmed Zaki YAMANI
"Il serait un mauvais économiste celui qui ne serait qu’économiste" - Friedrich HAYEK
"L’Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas" - Jacques RUEFF
"Mes clients sont libres de choisir la couleur de leur voiture à condition qu’ils la veuillent noire" - Henry FORD
"L'étonnante tâche des sciences économiques est de démontrer aux hommes combien en réalité ils en savent peu sur ce qu'ils s'imaginent pouvoir modeler" - Friedrich HAYEK
"On ne peut devenir entrepreneur qu’en devenant auparavant débiteur. S’endetter appartient à l’essence de l’entreprise et n’a rien d’anormal" - Joseph SCHUMPETER
15 mai 2013
Comme prévu, et malgré les déclarations politiques, la France est entrée en récession au premier trimestre 2013 (T1 2013). Même si ce constat était déjà internalisé par les observateurs économiques depuis longtemps, les chiffres officiels viennent confirmer cette tendance récessive. D'un point de vue technique, une récession se définit comme deux trimestres consécutifs de baisse du Produit Intérieur Brut (PIB). Concrètement, cela signifie que la richesse produite a diminué d'un trimestre à l'autre; de -0,2% en T4 2012 et -0,2% en T1 2013. Il est maintenant évident que la France est entrée dans un cycle récessif avec l'ensemble des moteurs de la croissance qui sont négatifs.
Un constat négatif mais attendu
Le constat de l'entrée en récession de la France vient confirmer que la politique économique menée depuis un an en France n'a pas eu les effets annoncés. En effet, le but affiché était de diminuer le déficit des finances publiques et d'améliorer la compétitivité des entreprises, tout en préservant le pouvoir d'achat des consommateurs. Force est de constater que ces trois objectifs ne sont pas atteints, ils se sont même éloignés.
Toutefois, ces résultats étaient déjà internalisés par l'ensemble des observateurs économiques. Les marchés boursiers ont d'ailleurs terminé la journée de l'annonce officielle de la récession sur des résultats positifs. Une telle nouvelle, si elle avait été inattendue, aurait immanquablement entraîné une baisse des cours de la Bourse de Paris.
Presque quatre ans après la précédente récession de 2008-2009, la France est à nouveau en récession. Plus que la récession en soi, c'est surtout le rapprochement de ces deux périodes récessives qui est inquiétant. De plus, et contrairement à la récession de 2008-2009 qui correspondait à un choc économique majeur avec une économie mondiale qui avait brutalement chuté, la récession actuelle s'opère dans un contexte où l'économie mondiale progresse de 3,3%. Dès lors, si l'origine de la précédente récession était extérieure à la France, la récession actuelle trouve ses causes dans l'état de l'économie française et de la politique économique menée.
Causes de l'arrêt de l'ensemble des moteurs de la croissance économique
Les moteurs de la croissance économique sont la consommation des ménages, l'investissement des entreprises et le commerce extérieur. Pour la première fois, l'ensemble de ces moteurs sont négatifs en T1 2013. Il semble peu probable que la tendance s'inverse rapidement.
La consommation des ménages a diminué de -0.1% par rapport au trimestre précédent. La baisse de la consommation des ménages intervient dans un contexte de recul historique du pouvoir d'achat qui baisse pour la première fois depuis 1984 avec une diminution de -0,9%. Même au plus fort de la crise globale en 2008-2009, le pouvoir d'achat avait progressé. La différence actuelle est liée à est la hausse des prélèvements obligatoires que subissent les ménages. De plus, ne constatant pas la baisse des dépenses publiques, les ménages anticipent de nouvelles hausses des impôts qui n'incitent pas à consommer. Cependant, la diminution de la consommation reste modérée car elle a été soutenue par des dépenses d'énergies en hausse du fait de la longueur et de la rudesse de l'hiver. Le gouvernement espère que les français puiseront dans leur épargne pour pallier cette baisse de la consommation, mais c'est très improbable car en période de crise les ménages préfèrent maintenir un niveau élevé d'épargne de précaution.
L'investissement des entreprises à diminué de -0,8% et constitue la principale inquiétude. Contrairement à la récession précédente où les investissements avaient chuté suite à l'effondrement de l'activité mondiale, les investissements s'étaient repris juste après. Actuellement, les investissements diminuent depuis un peu plus d'un an déjà et aucun élément n'augure d'une reprise. Or, sans investissement, la relance économique n'est pas possible car ce sont eux qui déterminent en grande partie la croissance potentielle d'un pays. Les raisons de cette chute des investissements sont diverses : (1) dégradation des perspectives économiques, (2) augmentation de la pression fiscale à laquelle s'ajoute une instabilité et un manque de visibilité fiscale et réglementaire, et enfin (3) une diminution très marquée des marges des entreprises engendrée par le coût du travail. Au final, les entreprises diminuent leurs investissements car le cadre économique national et international ne permet pas d'anticiper des perspectives de profit.
La croissance extérieure pèse négativement sur la croissance. En effet, la France voit ses exportations diminuer de -0,5% et ses importations augmenter de +0.1%. Autrement dit, les exportations ne compensent pas la hausse des importations, ce qui constitue un réel problème car c'est sur cette variable extérieure que les espoirs du gouvernement reposent. Les principaux partenaires commerciaux de la France sont les pays européens. Or, la demande émanant de ces pays diminue du fait de l'environnement économique morose. Dès lors, dans un contexte de demande extérieure contractée, la perte de compétitivité des entreprises françaises se traduit par une diminution des parts de marché à l'exportation. De plus, la baisse de la consommation française aurait dû s'accompagner d'une baisse des importations, mais c'est le phénomène inverse qui apparaît. Dès lors, une conclusion s'impose : les entreprises françaises perdent des parts de marché à l'international, mais plus inquiétant encore, elles en perdent aussi sur le sol national.
Implications et perspectives économiques
Après plusieurs révisions à la baisse des perspectives de croissance pour 2013, le gouvernement français prévoit maintenant +0,1% de croissance pour cette année. Néanmoins, il convient de dire que cette prévision est hautement improbable. En effet, compte tenu de l'acquis de croissance actuel, il faudrait pour atteindre ce résultat que les trois prochains trimestres 2013 présentent une croissance de +0,25%. Or, les prévisions économiques, comme nous venons de le souligner ci-dessus, font penser au contraire que la conjoncture économique est encore appelée à se dégrader. Même si les trois prochains trimestres étaient crédités d'une croissance nulle (+0%), compte tenu des résultats de ce premier trimestre la croissance sur l'ensemble de l'année 2013 serait négative à hauteur de -0,3%. Dans ce cadre, il est vraisemblable que la croissance pour 2013 s'élève finalement à -0,5% sur l'ensemble de l'année, loin des prévisions officielles.
Comme nous l'avons déjà souligné dans un décryptage précédent (voir décryptage) la question que pose cette analyse est celle du chômage. En effet, pour pouvoir espérer inverser la courbe du chômage comme s'y est engagé le président français François Hollande, il faudrait pouvoir intégrer au moins 100'000 personnes sur le marché du travail compte tenu de l'évolution naturelle de la population active. Or, il faut au minimum +1,5% de croissance par an (soit +0,4% par trimestre) pour pouvoir stabiliser le taux de chômage en France. Dans ces conditions, la seule solution pour pouvoir espérer tenir cet engagement (sauf à connaître une reprise économique mondiale brutale et improbable) est de créer des emplois aidés en grand nombre. Compte tenu de l'état des finances publiques cela ne serait pas souhaitable, de plus cela correspondrait à une fuite en avant car ces emplois sont par définition de court terme et se portent sur le secteur public non productif qui alourdirait encore ce même secteur public qui atteint déjà des records mondiaux.
Il convient enfin de souligner un autre élément, celui de la confiance. En effet, c'est la confiance que les agents économiques (ménages et entreprises) ont dans les politiques menées qui peut inverser leurs anticipations négatives. Ils ne consomment plus et réduisent les investissements car les signaux envoyés ne favorisent pas le retour de la confiance. Parmi les signaux négatifs il est possible de citer entre autres (1) l'environnement fiscal qui comprime l'activité économique et n'incite pas à la prise de risque; (2) l'environnement réglementaire qui rend plus rigide l'économie quand celle-ci aurait besoin de plus de souplesse pour s'adapter aux fluctuations de l'activité économique; (3) les dépenses publiques qui continuent à augmenter, et qui pèsent sur le coût du travail et font anticiper de nouvelles hausses d'impôts pour financer ces mêmes dépenses; et enfin, (4) le manque de réformes structurelles qui ne permettent pas à l'activité économique de se développer et de faire face aux enjeux de la globalisation.
Citation
Sylvain Fontan, “La France est officiellement en récession économique”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 15/05/2013.