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Etats-Unis : forte réduction du déficit public mais temporaire

24 mai 2013

Les Etats-Unis vont connaître en 2013 une forte diminution du déficit public qui devrait diminuer de 40% en une année, en septembre prochain, date qui correspond à la fin de l'année budgétaire outre-Atlantique. Le déficit public reflète la différence entre les recettes de l'Etat et ses dépenses. Il devrait atteindre un peu plus de 600 milliards de dollars en 2013, contre plus de 1'000 milliards de dollars au cours des quatre dernières années. La diminution du déficit public est essentiellement le résultat de coupes budgétaires automatiques nées d'un blocage politique. La diminution devrait se poursuivre jusqu'en 2015 avant de se creuser de nouveau du fait de raisons structurelles. 

Evolution du solde budgétaire des Etats-Unis

 

La forte réduction du déficit public est due à des effets mécaniques

Entre 2012 et 2013 le déficit public des Etats-Unis, c'est-à-dire la différence entre les dépenses publiques et les recettes de l'Etat, va passer de -7% du PIB à -4% du PIB, soit une amélioration de 3 points. A titre de comparaison, la France ne diminuera ce rapport que de 0,5 point pendant la même période. La diminution du déficit public provient de la concomitance entre le retour de la croissance, de la baisse des dépenses publiques et de la hausse de la fiscalité.

La baisse des dépenses publiques et la hausse de la fiscalité correspondent au phénomène dit du "séquestre" qui renvoie à des coupes budgétaires automatiques. En pratique, ce phénomène apparaît quand la dette publique totale atteint la limite légale de 16'294 milliards de dollars, et que parallèlement, il n'y a pas d'accord politique entre les deux principaux partis politique américains (Démocrates et Républicains) sur la réduction du budget. Dans ce cas précis, les deux camps s'affrontent sur la stratégie à mettre en place : les Démocrates veulent privilégier les hausses d'impôts sur les plus riches, tandis que les Républicains voudraient diminuer les dépenses sociales. L'idée originelle du "séquestre" est que le risque de coupes budgétaires automatiques incite les partis politiques à trouver un terrain d'entente malgré les différences d'approches budgétaires. Néanmoins, faute d'un accord politique, les coupes automatiques ont finalement débuté en février 2013.

La fiscalité moyenne a augmenté de 2 points avec un taux de prélèvements obligatoires qui est passé de 15,8% à 17,5%. La hausse de la fiscalité diminue le pouvoir d'achat des salariés de 125 milliards de dollars. Toutefois, elle n'ampute pas leur niveau de vie car la consommation continue à augmenter grâce à l'endettement des ménages et grâce à une croissance qui devrait atteindre +2,5% en rythme annuel. Dès lors, la hausse de la fiscalité se traduit par des rentrées fiscales positives qui ne pèsent pas sur la croissance car la fiscalité reste à des niveaux acceptables. A titre de comparaison, la France applique actuellement un taux de prélèvement obligatoires historiquement haut avec un record mondial à près de 47%. A ce titre il convient de souligner qu'une hausse de la fiscalité de la même ampleur n'a pas le même effet sur les rentrées fiscales et la croissance, selon que le taux initial est faible ou élevé.

Les dépenses publiques ont diminué de 85,3 milliards de dollars sur un budget total de 3'800 milliards, soit -2,3%. La moitié des réductions s'appliquera aux dépenses civiles et militaires de défense, 35% aux dépenses d’intervention du gouvernement fédéral et 12% aux dépenses de couverture maladie des personnes âgées (Medicare). Le secteur de la défense est donc la principale victime de la baisse des crédits avec -45 milliards de dollars de budget. En pratique, cela se traduit notamment par près de 680'000 personnes qui ont été mises au chômage technique pendant des périodes plus ou moins longues.

La réduction du déficit public sera temporaire et aura des effets pratiques visibles

Le phénomène du "séquestre" devrait se poursuivre jusqu'en 2015 pour atteindre jusqu'à 150 milliards de dollars de coupes automatiques de dépenses. Dès lors, le déficit budgétaire devrait diminuer jusqu'à -2% du PIB. Toutefois, aucune diminution de dépenses ne porte jusqu'à présent sur les dépenses de santé et les retraites, alors même que ce sont parmi les plus couteuses. Dès lors, et comme les dépenses de santé et de retraites sont appelées à augmenter, le déficit budgétaire devrait de nouveau se remettre à se creuser dès 2016 pour atteindre des niveaux supérieurs à -3% du PIB au cours des sept années suivantes.

Dans la pratique, les coupes budgétaires automatiques auront des effets très concrets, tant pour les américains que pour les touristes étrangers en visite. En effet, le risque est de voir se développer le chômage pour raison technique,  de constater des retards de salaires ou même des défauts de paiements. D'un point de vue moins important, mais tout aussi ennuyeux, les horaires d'ouverture des services publics seront diminués, les files et la durée d'attente dans les aéroports par exemple seront allongées, ou encore, les aides à la recherche d'emploi seront revues à la baisse. Le risque donc, c'est de voir se développer des coupes budgétaires indifférenciées uniquement dans une logique comptable sans prendre en compte le caractère plus ou moins important d'une dépense ou d'un service rendu.

A ce stade, la stratégie politique du Président américain Barack Obama est probablement la suivante : espérer que la baisse des dépenses généralisée et indifférenciée génère un relatif désordre qui incitera le camp politique adverse (les Républicains) à revenir à la table des négociations pour accoucher d'un consensus qui irait davantage dans le sens du parti Démocrate.

La situation des Etats-Unis est différente de celle de l'Europe

A priori, les stratégies budgétaires menées des deux côtes de l'Atlantique, aux Etats-Unis et en Europe, afin de faire face au creusement des déficits budgétaires sont comparables. Il convient cependant de remarquer que les résultats sont différents. Du côté américain l'assainissement des finances publiques s'opère dans un contexte de croissance économique positive, alors qu'en Europe, la tendance est plutôt à la récession avec beaucoup de pays avec des taux de croissance négatifs ou à peine positifs.

Le constat précédent amène des conclusions concernant la rapidité et l'ampleur de l'assainissement des finances publiques. En effet, si la réduction des déficits publics est une nécessité, il n'en demeure pas moins que le rythme de cette diminution est à prendre en compte. Autrement dit, il est préférable de faciliter la reprise de l'endettement des ménages dans un premier temps avant ensuite de pouvoir resserrer les budgets une fois que la reprise est revenue. D'autre part, la hausse de la pression fiscale est valable uniquement si le niveau initial n'est pas déjà trop élevé, sinon l'augmentation de la pression fiscale n'aura comme autre effet que de risquer de "tuer" la reprise économique potentielle et d'empêcher tout déclenchement d'un cercle vertueux.

Néanmoins, si ces constats sont exacts, il convient de souligner que la situation européenne présente des spécificités qui font qu'il était difficile de mettre en place un mécanisme de réduction des déficits plus souple dans le temps et dans l'application. En effet, la crise des dettes souveraines et le risque d'explosion de la zone euro ont rendu les marges de manœuvres plus ténues. De plus, les pays n'ont jusque-là presque jamais tenu leurs engagements. Dans ces conditions, il était légitime que leur crédibilité soit mise en doute. Enfin, l'Europe n'est pas aussi homogène que le sont les Etats-Unis. En effet, l'Europe est une addition de pays qui rend toute politique plus longue à donner des effets, et qui doit composer avec un modus operandi basé sur la solidarité dont les Etats-Unis en tant que nation unique est exonérée de fait.

Citation

Sylvain Fontan, “Etats-Unis : forte réduction du déficit public”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 24/05/2013.