"L'inégalité est le résultat de la compétition entre technologies et éducation" - Jan TINBERGEN
"Quand un économiste vous répond, on ne comprend plus ce qu’on lui avait demandé " - André GIDE
"Gold is money. Everything else is credit " - J.P. MORGAN
"La récession c'est quand votre voisin perd son emploi; la dépression c'est quand vous perdez le vôtre" - Harry S. TRUMAN
"Un économiste est quelqu’un qui expose l’évidence en termes incompréhensibles" - Alfred KNOPFT
"Détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence" - Frédéric BASTIAT
"Notre économie change jour après jour et, en ce sens, elle est toujours nouvelle" - Alan GREENSPAN
"Tout l’art du bon gouvernement consiste à plumer l’oie de façon à obtenir le maximum de plumes avec le minimum de cris" - Jean-Baptiste COLBERT
"En période de mobilité économique, la souplesse est une condition vitale du plein emploi" - Alfred SAUVY
"Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées." - Winston CHURCHILL
30 décembre 2021
A 25 ans, puisque sa carrière dans les lettres s’annonce mal, Honoré de Balzac veut se faire éditeur. Cette idée lui a été suggérée par un ami de son père qui lui propose aussi de lui avancer des fonds. Le futur grand écrivain français conçoit alors le projet d’imprimer en un seul gros volume les œuvres des grands classiques, à commencer par Molière et La Fontaine. Si les XVIIIe et XIXe siècles privilégient les petits formats, avec l’habitude de diviser les romans en deux ou trois tomes, l’idée d’une édition « compacte » est pour l’heure révolutionnaire. Trop, il faut croire.
Quoique le résultat esthétique soit satisfaisant, le succès commercial n’est pas au rendez-vous pour deux raisons simples. Tout d’abord, le jeune Balzac n’a pas soigné ses relations avec les libraires, qui n’ont pas confiance en cet inconnu impétueux et inexpérimenté. D’autre part, il n’a pas mesuré combien il était nécessaire de bâtir la notoriété de ses éditions innovantes, négligeant ainsi d’investir dans la publicité – il aurait fallu faire passer des avis dans les journaux. Ses produits sont donc restés inconnus : il n’a vendu qu’une vingtaine d’exemplaires en un an. Ce fiasco le contraint à se défaire du papier luxueux qu’il avait choisi à son poids brut. Les dettes entrent dans la vie de l’écrivain, et elles n’en sortiront plus.
La déroute de l’entrepreneur naïf n’est toutefois pas finie, car, sur le conseil de son prêteur initial, il se lance dans l’imprimerie pour se refaire. Son père et d’autres connaissances acceptent d’investir le nécessaire, notamment pour acquérir le brevet d’imprimeur. Alors que l’affaire démarre péniblement, Balzac se laisse convaincre d’y ajouter une activité de fonderie de caractères. Mais au total, l’entreprise n’est pas moins ruineuse que la précédente. A un certain point, la famille et les prêteurs refusent d’aller plus loin. Le jeune homme est endetté jusqu’au cou, à hauteur de 300 000 euros d’aujourd’hui, et il n’a que sa plume, encore dépourvue de valeur, pour les payer.
Le désir d’une vie matérielle plus facile poussera Balzac à avoir d’autres idées, qui seront autant d’échecs : création d’un journal, aménagement de terres agricoles, mines d’argent en Italie… Seuls ses livres lui apportent le succès, mais ils lui demandent un travail titanesque qui le vide de son énergie et l’endette auprès de sa santé, d’autant plus qu’il produit sous la pression de ses autres créanciers.
Citation
Romain Treffel, « Balzac en faillite », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 14/04/2015. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».