"Qui ne peut attaquer le raisonnement, attaque le raisonneur " - Paul VALERY
"Dans une crise, la seule chose prévisible, c’est l’incertitude qui suit " - Isabelle LUSCHEVICI
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"Une démocratie peut se rétablir rapidement d'un désastre matériel ou économique, mais quand ses convictions morales faiblissent, il devient facile pour les démagogues et les charlatans de prêcher. Alors tyrannie et oppression passent à l'ordre du jour" - James William FULLBRIGH
"La première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques" - Ernest HEMINGWAY
"Ce n’est pas l’employeur qui paie les salaires, c’est le client" - Henry FORD
"Les investissements d'aujourd'hui sont les profits de demain et les emplois d'après demain" - Helmut SCHMIDT
"L'étonnante tâche des sciences économiques est de démontrer aux hommes combien en réalité ils en savent peu sur ce qu'ils s'imaginent pouvoir modeler" - Friedrich HAYEK
"Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France " - Maximilien DE BETHUNES, Duc de Sully
"En période de mobilité économique, la souplesse est une condition vitale du plein emploi" - Alfred SAUVY
23 mars 2022
L'inflation s'est généralisée pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui a fait dire à John Kenneth Galbraith dans L’Argent (1975) que la cigarette américaine s'est révélée la meilleure monnaie possible parce qu’elle empêche l'inflation.
L’économiste américain tire cet enseignement de l’inflation allemande de 1945-1948, moins connue que l’hyperinflation des années 1920. Comme le mark avait perdu presque toute valeur d’échange, les Allemands d’après 1945 ont donc eu recours à des substituts. Ils sont notamment revenus à la cigarette, une des monnaies classiques d’autrefois, à la différence qu’elle était maintenant parfaitement standardisée et en cela comparable à une véritable pièce de monnaie – le paquet de vingt et la cartouche de deux cent étaient de plus adaptés aux transactions les plus importantes.
La cigarette a constitué une monnaie très efficace pour deux raisons. Tout d’abord, elle était extrêmement difficile à contrefaire du fait de la standardisation de la production, contrairement au tabac non standardisé d’autrefois dont la qualité pouvait être douteuse. Ensuite, la cigarette recèle, en tant que moyen d’échange, un principe autorégulateur de sa valeur. En effet, elle est thésaurisée, comme disent les économistes – c’est-à-dire mise de côté comme moyen d’échange – mais lorsque cela n’est plus possible, elle est alors fumée ou offerte à un ami dépendant, ce qui a pour effet de faire diminuer la quantité de monnaie en circulation, et donc d’empêcher l’inflation. Seul ombre à ce tableau : une monnaie de moindre qualité a été introduite sous la forme des mégots, que les soldats étaient incités à ne pas jeter dans les urinoirs ; mais cette nouvelle monnaie ne trompait personne et elle n’était donc acceptée que moyennant remise.
Cette « expérience monétaire » n’était pas limitée à l’Allemagne : elle a eu aussi lieu en Italie, comme l’a dépeint l’écrivain Malaparte dans son roman La Peau (1949), sur le Naples de la fin de la guerre où circulaient les produits des GIs, ou plus simplement encore de nos jours dans les prisons.
Citation
Romain Treffel, « La cigarette américaine est la meilleure monnaie », analyse publiée sur «leconomiste.eu» le 06/01/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».