"L'économie mondiale demeure une notion abstraite aussi longtemps que l'on ne possède pas un compte en banque" - Achille CHAVEE
"On ne peut devenir entrepreneur qu’en devenant auparavant débiteur. S’endetter appartient à l’essence de l’entreprise et n’a rien d’anormal" - Joseph SCHUMPETER
"C'est uniquement parce que nous sommes libres dans le choix de nos moyens que nous sommes aussi libres dans le choix de nos fins. La liberté économique est par conséquent une condition indispensable de toute autre liberté" - Friedrich HAYEK
"En période de mobilité économique, la souplesse est une condition vitale du plein emploi" - Alfred SAUVY
"Nous sommes des créatures qui nous affligeons des conséquences dont nous continuons à adorer les causes " - BOSSUET
"En France quand on raisonne économiquement on est soupçonné de conspirer socialement" - Auteur indéterminé
"Un Economiste peut commettre deux erreurs, la première consiste à ne pas calculer et la seconde à croire en ce qu’il a calculé" - Michal KALECKI
"Le budget est le squelette de l'État débarrassé de toute idéologie trompeuse" - Joseph SCHUMPETER
"Moins le risque est grand, plus les spéculateurs fuient" - Maurice ALLAIS
"Si la méchanceté des hommes est un argument contre la liberté, elle en est un plus fort encore contre la puissance. Car le despotisme n'est autre chose que la liberté d'un seul ou de quelques-uns contre tous" - Benjamin CONSTANT
23 mars 2022
L'inflation s'est généralisée pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui a fait dire à John Kenneth Galbraith dans L’Argent (1975) que la cigarette américaine s'est révélée la meilleure monnaie possible parce qu’elle empêche l'inflation.
L’économiste américain tire cet enseignement de l’inflation allemande de 1945-1948, moins connue que l’hyperinflation des années 1920. Comme le mark avait perdu presque toute valeur d’échange, les Allemands d’après 1945 ont donc eu recours à des substituts. Ils sont notamment revenus à la cigarette, une des monnaies classiques d’autrefois, à la différence qu’elle était maintenant parfaitement standardisée et en cela comparable à une véritable pièce de monnaie – le paquet de vingt et la cartouche de deux cent étaient de plus adaptés aux transactions les plus importantes.
La cigarette a constitué une monnaie très efficace pour deux raisons. Tout d’abord, elle était extrêmement difficile à contrefaire du fait de la standardisation de la production, contrairement au tabac non standardisé d’autrefois dont la qualité pouvait être douteuse. Ensuite, la cigarette recèle, en tant que moyen d’échange, un principe autorégulateur de sa valeur. En effet, elle est thésaurisée, comme disent les économistes – c’est-à-dire mise de côté comme moyen d’échange – mais lorsque cela n’est plus possible, elle est alors fumée ou offerte à un ami dépendant, ce qui a pour effet de faire diminuer la quantité de monnaie en circulation, et donc d’empêcher l’inflation. Seul ombre à ce tableau : une monnaie de moindre qualité a été introduite sous la forme des mégots, que les soldats étaient incités à ne pas jeter dans les urinoirs ; mais cette nouvelle monnaie ne trompait personne et elle n’était donc acceptée que moyennant remise.
Cette « expérience monétaire » n’était pas limitée à l’Allemagne : elle a eu aussi lieu en Italie, comme l’a dépeint l’écrivain Malaparte dans son roman La Peau (1949), sur le Naples de la fin de la guerre où circulaient les produits des GIs, ou plus simplement encore de nos jours dans les prisons.
Citation
Romain Treffel, « La cigarette américaine est la meilleure monnaie », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 06/01/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».