"Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice." - MONTESQUIEU

"Les crises de demain sont souvent le refus des questions d’aujourd’hui " - Patrick LAGADEC

"La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir" - Paulo CUELHO

"L'argent public n'existe pas, il n'y a que l'argent des contribuables" - Margaret THATCHER

"La seule cause de la dépression est la prospérité" - Clément JUGLAR

"La seule fonction de la prévision économique, c’est de rendre l’astrologie respectable " - GALBRAITH

"Les bonnes questions ne se satisfont pas de réponses faciles" - Paul SAMUELSON

"Vous et moi venons par route ou par rail, mais les économistes voyagent en infrastructures " - Margareth THATCHER

"Quand un économiste vous répond, on ne comprend plus ce qu’on lui avait demandé " - André GIDE

"On n’est jamais mieux gouverné que lorsqu’il n’y a pas de gouvernement" - Jean-Baptiste SAY

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La fin de l'innovation et de la croissance économique selon Robert Gordon

1 avril 2022

En 2012, l’économiste américain Robert Gordon émet la thèse provocatrice selon laquelle il serait devenu très difficile de repousser la frontière technologique, le progrès observé au cours des deux cent cinquante dernières années pouvant bien se révéler être un épisode unique de l’histoire de l’humanité.

Robert Gordon

 Les pays développés rencontrent selon lui quatre obstacles majeurs : la démographie, l’éducation, les inégalités et la dette publique. Sa thèse s’appuie de plus sur le constat historique que la dernière période de forte croissance était consécutive au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, plutôt que la conséquence d’un cycle d’innovation ou d’un certain type de politique économique. Ainsi, tout comme il n’y a pas eu de croissance avant 1750, il se peut très bien, imagine l’économiste, qu’il n’y en ait plus après 2050 ou 2100.

Son pessimisme résulte d’une analyse des évolutions récentes des facteurs de la croissance. L’obstacle démographique, tout d’abord, réside dans le déclin du taux d’emploi, passé par exemple en France de 66 % en 1975 à 64 % en 2014 alors même que l’emploi féminin a augmenté de plus de moitié. Or, ce taux ne peut progresser sans une croissance plus rapide. Ensuite, l’éducation constitue un obstacle parce que le diplôme n’est plus la garantie d’un emploi à la mesure de l’investissement, tandis que les frais de scolarité et l’endettement des étudiants augmentent dans la plupart des pays (notamment aux États-Unis). L’augmentation des inégalités, très prononcée aux États-Unis (comme l’a montré le travail de Thomas Piketty), est aussi responsable du blocage de la croissance, car elle entraîne une stagnation, voire une baisse de la demande globale. Enfin, la progression inquiétante des dettes publiques ralentit la croissance parce qu’elle se traduit à moyen/long terme par un surcroît de pression fiscale et par une baisse des dépenses publiques, deux effets qui compriment l’investissement et la demande globale.

Ainsi, Robert Gordon rejoint les économistes hétérodoxes qui ne voient pas la crise de 2008 comme un accident conjoncturel, mais comme l’événement déclencheur d’un changement de paradigme. L’économie mondiale devrait désormais connaître des taux de croissance faibles, compris entre 0 et 1 %, tirés par la seule croissance démographique. Leurs adversaires répliquent qu’il existe de grands champs d’innovation potentielle et qu’une innovation de rupture, à l’origine d’un nouvelle cycle de croissance, est par nature imprévisible.

Citation

Romain Treffel, « La fin de l'innovation et de la croissance économique selon Robert Gordon », analyse publiée sur «leconomiste.eu» le 20/01/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».

50 Anecdotes