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"Le capitalisme constitue par nature, un type ou une méthode de transformation économique, et non seulement il n’est jamais stationnaire, mais il ne pourrait le devenir. Ce processus de destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme" - Joseph SCHUMPETER

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Explication du faible taux de chômage en Allemagne

25 juin 2013

Bien que située géographiquement au centre de l'Europe en crise, l'Allemagne est un des rares pays qui semble s'adapter à la globalisation et à la crise globale. Un des indicateurs qui souligne cela est le très faible taux de chômage de la population active. Le taux de chômage a été diminué par deux entre 2005 et 2013. La diminution du taux de chômage est doublement remarquable car elle intervient alors que l'ensemble des autres pays développés ont vu leurs taux de chômage augmenter, et de plus, cette performance a été réalisée dans un contexte de crise économique qui n'a pas épargné le pays. Dès lors, il convient de s'interroger sur les raisons de cette réussite.

Evolution du taux de chômage de la population active en Allemagne depuis la réunification en 1991

 

Evolution de la situation allemande

Le nombre de personnes sans emploi en Allemagne s'établit à un peu moins de 3 millions de personnes. Selon l'office européen des statistiques (Eurostat), le taux de chômage du pays s'élève à 5,4%, contre le double en France et 12% en en moyenne en Zone Euro. Les seuls pays à bénéficier de taux de chômage inférieurs à celui de l'Allemagne sont l'Autriche et le Luxembourg. D'un point de vue comptable, c'est la création de près de 2,5 millions d'emplois qui a permis de diminuer le taux de chômage allemand par deux, passant de 11,5% de la population active (voir définition) en 2005 à 5,4% en août 2012. Dans le même temps, la chute du chômage a entrainé une diminution des inégalités qui avaient tendance à se creuser depuis 1991 sous le poids, entre autres, de la réunification de la RFA (République Fédérale d'Allemagne, à l'Ouest) et de la RDA (République Démocratique d'Allemagne, à l'Est) suite à la chute du bloc communiste.

L'Allemagne a fait évoluer la structure de son rapport entre le PIB (voir définition) et le chômage. Pour comprendre cette notion, il convient  de savoir qu'il existe une relation négative entre la croissance du PIB et l'évolution du chômage. Autrement dit, lorsque le taux de croissance s'accélère, le taux de chômage baisse; et inversement. Auparavant, le taux de croissance nécessaire pour faire diminuer le taux de chômage était de 3% en Allemagne. Dorénavant, le taux de croissance nécessaire pour stabiliser le chômage s'élève à 1,5%. Or, le taux de croissance moyen de l'Allemagne entre 2005 et 2011 a été inférieur à 1,2%. Ainsi, le nombre de chômeurs aurait dû mécaniquement augmenter. Dans ce cadre, la baisse du chômage indique que la croissance a été rendue plus riche en emploi, autrement dit, qu'il faut moi de croissance pour créer autant d'emplois.

Raisons de l'évolution de la situation allemande

Le fait que la croissance allemande ait été rendue plus riche en emplois s'explique avant tout par des mesures de flexibilité sur le marché du travail, le ralentissement de la productivité et la diversification croissante de l'appareil exportateur lui permettant de gagner des parts de marché. Néanmoins, et hormis ces trois évolutions générales, il convient d'identifier cinq éléments structurant :

  • Evolution démographique vers une baisse de la population active : Après avoir atteint son maximum historique, la population allemande stagne depuis quelques années et commence à reculer depuis 2009. Ainsi, la population active évoluant dans le même sens, cette dernière a également diminué, abaissant mécaniquement le taux de chômage. En effet, le nombre d'emplois à pourvoir a été augmenté alors que parallèlement le nombre de demandeurs d'emplois a diminué.
  • Réforme du marché du travail dite "réformes Hartz" : A partir de 2003, le chancelier allemand de l'époque, Gerard Schröder, a initié la réforme du marché du travail dans un contexte où l'Allemagne était considérée comme un pays "malade". Les réformes dites "Hartz" ont notamment mis en place des plans d'économies pour diminuer le niveau des cotisations chômage, l'allégement du coût du travail, des mesures pour accroître l'incitation à l'emploi et la promotion à la création d'entreprises individuelles. Le but était de dynamiser le marché du travail et d'accroître la compétitivité de l'économie allemande.
  • Développement du chômage partiel : Confrontée à la crise globale comme toutes les économies développées, l'Allemagne a préféré réduire le nombre d'heures travaillées plutôt que de recourir au chômage. Le processus a été rendu possible par des accords passés en amont de la crise qui prévoyaient une réduction des salaires des employés proportionnelle à la baisse du temps de travail en cas de diminution d'activité. La baisse des salaires est en partie compensée par des transferts publics afin de ne pas modifier les droits à l'assurance-maladie et à la retraite. L'avantage de cette mesure est que les salariés sont maintenus dans l'emploi et que les entreprises peuvent plus facilement redémarrer l'activité, une fois la reprise intervenue.
  • Prix de l'immobilier bas : plusieurs pays européens ont connu une période de bulle immobilière comme en Espagne. L'Allemagne n'a pas connu ce phénomène dont le dernier épisode remonte au début des années 1990 sous l'effet de la réunification. Du fait de prix de l'immobilier bas, notamment car la démographie est peu dynamique, les politiques de modération salariales (augmentation de salaires en hausse mais contenue) ont plus facilement pu être enclenchées car elles avaient moins d'impact sur le pouvoir d'achat et le niveau de vie des populations.
  • Culture du dialogue social : la culture économique allemande est différente d'un pays tel que la France par exemple. En effet, les problématiques liées à l'économie de marché et à la concurrence sont abordées de manières pragmatiques, avec comme objectif le dynamisme économique garantissant la cohésion et la stabilité sociale. Le principe dépasse les clivages politiques et forme une vision relativement consensuelle. Les partenaires sociaux (syndicats de salariés et patronaux) sont conscients de l'importance d'un politique globale de compétitivité (voir définition) et de nombreux accords de branche (voir définition) sont négociés en fonction des besoins et contexte particuliers afin de trouver le bon équilibre entre les salaires, l'emploi et la durée du travail.

Citation

Sylvain Fontan, “Explication du faible taux de chômage en Allemagne”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 25/06/2013.