"L’Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas" - Jacques RUEFF
"Les crises de demain sont souvent le refus des questions d’aujourd’hui " - Patrick LAGADEC
"L'avarice commence où la pauvreté cesse. " - Honoré de BALZAC
"La guerre n'est que la simple continuation de la politique par d'autres moyens" - Carl VON CLAUSEWITZ
"L'inflation est une taxation sans législation" - Milton FRIEDMAN
"Je parle de l’esprit du commerce qui s’empare tôt ou tard de chaque nation et qui est incompatible avec la guerre" - Emmanuel KANT
"La puissance productrice d’un pays peut s’accroître d’une façon plus que proportionnelle à l’augmentation du chiffre de sa population" - Alfred MARSHALL
"Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes souvent morts depuis longtemps et dont ils ignorent le nom " - John Maynard KEYNES
"C'est en poussant à bout le mouvement économique que le prolétariat s'affranchira et deviendra l'humanité" - Jean JAURES
"Il est aussi absurde de parler de démocratie ou d'efficacité économique dans une société communiste que d'évoquer un capitalisme sans argent" - Alexandre ZINOVIEV
31 mars 2022
Blythe Masters a inventé les fameux Credit Default Swaps (CDS, « couvertures de défaillance »), largement incriminés lors de la crise financière de 2008. Pour rappel, les CDS sont un produit d'assurance permettant à un créancier de transférer son risque d'impayé à un tiers qu'il rémunère pour cela. Née en 1969 à Oxford, B. Masters a reçu une double formation en mathématiques et en finance à Cambridge, puis elle est entrée chez la banque américaine JP Morgan, où elle a ensuite effectué toute sa carrière.
La conception théorique des CDS a eu lieu en 1994, lors d’un séminaire de JP Morgan à Boca Raton, petite ville estivale sur la côte de Floride, à une heure de Miami. Le directeur du département des crédits dérivés a décidé de réunir les jeunes éléments de la banque pour un week-end de beuverie et de brainstorming. Présentée comme une récompense, cette réunion a en fait un but précis : trouver un moyen d’alléger le livre de compte de la banque de ses prêts trop risqués. En particulier, une protection est nécessaire contre le défaut de paiement d’Exxon, la firme pétrolière américaine, qui a emprunté 5 milliards de dollars lors de la marée noire de 1989. Blythe Masters et ses camarades ont l’idée d’adapter aux entreprises la formule de permutation de l’impayé, jusque-là réservée aux prêts immobiliers hypothécaires. Identique à un mécanisme d’assurance, celui-ci n’est cependant pas appelé tel afin qu’il ne tombe pas dans le secteur régulé des assurances. La jeune banquière met en pratique cette théorie en signant le premier contrat de CDS avec la BERD, alors dirigée par Jacques de Larosière, débarrassant ainsi JP Morgan du risque Exxon.
Après la crise, la conceptrice des CDS est pointée du doigt, mais elle n’accepte pas la part de responsabilité qu’on lui attribue : « Les crédits dérivés, par eux-mêmes, n’ont pas augmenté, ni réduit la tendance des gens à prendre de mauvaises décisions quant aux crédits. (…) blâmer les credit default swaps, c’est comme un artisan qui blâmerait ses outils ». Dans les autres banques, cependant, celles qui n’ont pas réussi à se délester des subprimes assez vite pensent bien que la JP Morgan et l’assureur AIG sont à blâmer pour avoir popularisé les CDS.
Citation
Romain Treffel, « La femme derrière les CDS », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 10/19/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».