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L'héritage économique contrasté de Chavez au Venezuela

7 mars 2013

La mort du président vénézuélien le 5 Mars 2013 donne l'occasion d'étudier la situation économique du pays après la présidence de Hugo Chavez entre 1999 et 2013. Il ressort de cette analyse que (1) la présidence Chavez correspond à une diminution des inégalités et de la pauvreté, mais que (2) cela aura généré des effets pervers durables sur l'économie. 

 

 

La pauvreté et les inégalités au Venezuela ont diminué:

Hugo Chavez est arrivé au pouvoir porté par l'exaspération populaire contre les inégalités et la pauvreté qui frappaient la société vénézuélienne. Afin de lutter contre ces maux, le Venezuela a mis en place une politique volontariste d'extrême gauche. L'outil principal de cette politique a été la redistribution à la population des bénéfices retirés de l'exploitation pétrolière. La redistribution s'est effectuée au travers d'aides sociales, alimentaires, au logement et de soins. 

Après 14 ans les résultats sont là: le taux de pauvreté est passé de 46% de la population à 28% entre 2000 et 2012, et les inégalités ont reculé avec un "coefficient de Gini" (plus le coefficient est élevé plus les inégalités sont fortes) qui est passé de 50 à 39 sur la même période. Dès lors, de ce point de vu, il est possible de considérer que la présidence Chavez a été une réussite. Toutefois, il convient de relativiser ce succès car tous les pays d'Amérique Latine ont connu la même évolution au cours de la période sans y avoir accordé pour autant les mêmes montants.

La diminution des inégalités et de la pauvreté s'est réalisée au détriment de l'économie:

L'atout majeur du Venezuela correspond au pétrole dont 96% des ressources proviennent de son exploitation. En effet, le pays est le quatrième producteur de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) et détient les plus importantes réserves de pétrole au monde, devant l'Arabie-Saoudite. Ce sont ces ressources pétrolières qui ont permis de mettre en place une politique de redistribution en faveur des populations. 

Mais cet atout correspond également paradoxalement à la principale faiblesse du pays. En effet, l'exploitation de cette ressource aboutit à un développement économique malsain basé sur la rente pétrolière qui détruit l'économie et empêche d'investir dans l'avenir. Ce phénomène est connu sous l'appellation du "syndrome hollandais". Dans le cas du Venezuela, le pays se repose sur son industrie pétrolière pendant que les autres secteurs de l'économie déclinent.

Afin de redistribuer la manne pétrolière à la population, il a fallu exproprier les compagnies privées (souvent étrangères). Ce faisant, le pays s'est privé de l'investissement et du savoir-faire de ces compagnies, aboutissant ainsi à une diminution de la production pétrolière. Dès lors, en cas de chute des cours mondiaux du pétrole le pays voit ses rentrées d'argent diminuer. Le pays n'investit plus dans l'entretien et la modernisation de ses installations (notamment les raffineries), diminuant ainsi la productivité et l'obligeant à importer son essence et créant plusieurs fois par jour des coupures d'électricité, de courant et d'eau.  

La mise en place d'une politique d'extrême gauche basée entre autre sur l'expropriation arbitraire (cimenterie, sidérurgie, alimentation, commerce, électricité, télécom, agriculture, etc) aboutit à décourager l'investissement humain et financier dans ces secteurs de peur que l'Etat s'approprie sans compensation les fruits du travail privé. Le résultat est qu'en 14 ans le nombre d'entreprises privées a diminué de 50% et que les importations ont fortement augmenté, notamment dans les produits agricoles primaires (fruits, café, tabac...) que le pays exportait auparavant créant ainsi un phénomène de pénuries. 

Les finances publiques se sont trouvé impactées car les rentrées fiscales ont diminué alors même que les dépenses sociales augmentaient. Dès lors, la dette du pays a explosé passant de 28 Milliards d'euros à 130 milliards d'euros. Afin de financer cette dette la devise nationale (le Bolivar) a été dévaluée plusieurs fois perdant ainsi 1/3 de sa valeur. Ce faisant, les importations ont été rendues plus chères. Pour ne pas que le pouvoir d'achat des habitants soit trop affecté, les salaires des fonctionnaires a été augmenté (+45% en 2012), alimentant ainsi une très forte inflation (+25% en 2012 et +35% en 2013, même si ces chiffres sont probablement sous-évalués).    

Conclusion:

La présidence Chavez aura permis des avancées sociales grâce à la réorientation des retombées financières pétrolières. Toutefois, cette réorientation aura eu pour effet de (1) détruire les autres secteurs d'activités et (2) d'engendrer une forte inflation, de (3) dégrader la balance commerciale et la compétitivité, de (4) creuser la dette et de (5) rentre le pays hyper-dépendant du secteur pétrolier. Dans ces conditions, l'avenir économique du pays n'est pas assuré et les tensions sociales risquent d'augmenter. A ce titre, on assiste à une explosion des activités criminelles sous la présidence Chavez: corruption, blanchiment d'argent, trafic de drogue et d'êtres humains et homicides (plaçant le Venezuela sur ce point au troisième rang mondial). 

Citation

Sylvain Fontan, “L'héritage économique contrasté de Chavez au Venezuela”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 07/03/2013.