30 juillet 2021
En France, une loi d’avril 1954 a supprimé la taxe à la production qui existait jusqu'alors et l’a remplacée par « une taxe sur la valeur ajoutée perçue sur les affaires ». L’inventeur de cette nouvelle taxe est un inspecteur des finances de 37 ans, Maurice Lauré, qui s’est inspiré d'une idée d'un homme d'affaires allemand, Wilhelm von Siemens, qui, dans les années 1920, voulait taxer la valeur « supplémentaire » d'une production. Par Romain Treffel.
Alors que le pays est toujours dans une phase de reconstruction, l’Etat entend rationaliser et uniformiser son système fiscal pour lutter contre la fraude. Mais un an après l’accession à la lumière du mouvement « anti-fisc » menée par Pierre Poujade, le projet du jeune haut fonctionnaire provoque une levée de boucliers dans l’opinion publique : la TVA est surnommée « Taxe de la Vorace Administration », quand ce n’est pas « Tout Va Augmenter ». La Direction Générale des impôts (DGI) n’est pas non plus emballée à cause de l’introduction d’un dégrèvement. Alors Maurice Lauré bataille, et il obtient le soutien de Pierre Mendès France, alors président de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
Introduit en premier en France, le système de la TVA s'est progressivement généralisé dans le monde – il est obligatoire au sein de l'Union européenne. Les États-Unis et l'Inde appliquent une taxe sur les ventes payée par le consommateur final (non pas à chaque niveau), ce qui est équivalent car la TVA est récupérée sur les consommations intermédiaires. La plupart des pays en développement ont adopté des systèmes de TVA, même si certains secteurs (services, commerces de gros et de détail) y sont souvent exemptés. La diffusion internationale du système est logique : la TVA résiste mieux à l'évasion fiscale car chaque agent a intérêt à ce qu'elle soit déclarée sur ses consommations intermédiaires. Toutefois, la mobilité des biens et des services, associée au mode de collecte, est à l'origine d'une fraude importante au sein de l'UE, comme la fraude « carrousel » apparue dans les années 1970 dans les mouvements de marchandises au sein du Benelux, où la simplification des formalités douanières à l'importation et à l'exportation facilitait sa mise en application. Certains pays mettent en place des systèmes pour inciter les consommateurs à payer la TVA : le ticket de caisse fait par exemple office de billet de loterie dans certaines provinces chinoises.