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L’écologisme, la grande menace pour l’homme

11 mai 2022

Les vacances d’été sont l’occasion de traverser la France et d’en admirer les paysages, dont la diversité ne cesse d’étonner. Que ce soient les villes et villages historiques, les sites industriels ou les zones rurales, chaque région regorge de trésors, que l’on doit au travail des Français accumulés depuis des siècles et à leur capacité à transformer et développer les paysages. Bien souvent ces forêts, ces plaines, ces vignobles sont présentés comme étant des espaces naturels. Rien n’est plus faux : ce sont des paysages entièrement construits et entretenus par l’homme.

J’étais ainsi au mois de juillet à Gigondas, un village de vignoble situé au pied des dentelles de Montmirail, le long de la vallée du Rhône, non loin de Châteauneuf-du-Pape. Le syndicat des vignerons de Gigondas y organisait une dégustation de ses vins, dont une quinzaine de vieux millésimes. Depuis les hospices de Gigondas, sur les hauteurs du village, à côté de l’église, la vue était superbe sur toute la vallée et les vignes qui s’étendent jusqu’à l’horizon. Entre la chaleur de juillet et celle du vin, difficile d’imaginer tout le travail qu’il a fallu mener ici depuis des siècles pour transformer cette terre inhospitalière en un paradis viticole. Les hommes ont retiré les pierres des champs pour créer des parcelles cultivables et édifier des murets (les restanques). Ils ont apporté l’irrigation à l’aide de canaux en argile et aujourd’hui de tuyaux en polymère. Ils ont chassé le loup, véritable plaie qui s’en prenait aux hommes et aux moutons. Ils ont sélectionné les plants de vigne pour élaborer de nouveaux cépages, aptes à supporter les caractéristiques de la région (ici essentiellement syrah et grenache). Ils ont mis au point des produits phytosanitaires qui sauvent les vignes et les cultures de toutes les bactéries et bestioles nuisibles qui la tuent. Seul le phylloxéra, qui a ravagé tout le vignoble français, est encore invaincu. Dans les paysages de vigne, il y a du végétal, mais il n’y a rien de naturel. Tout est la conséquence du travail de l’homme, de son imagination, de ses efforts et de sa capacité à transformer une nature hostile et dangereuse en un verger merveilleux. « Laisser la nature reprendre ses droits » comme on l’entend parfois, c’est abandonner ses vergers et ses jardins à la broussaille, aux ronces et aux pierres. Par Jean-Baptiste Noé.

 

L’écologie, c’est jardiner les paysages

L’idéologie écologiste est aujourd’hui l’une des grandes menaces qui planent sur l’être humain, car derrière son discours sur le salut de la nature il y a surtout la volonté d’éradiquer l’homme. Elle est dérivée du marxisme, qui a déjà fait tant de morts. Elle nie l’existence de la nature humaine et voue une haine sans fin à l’homme. Le marxisme disait lutter pour la justice et le développement des peuples. Qui pouvait être contre ? Nous sommes tous pour la justice et le développement. L’écologisme dit vouloir sauver la planète, protéger les espaces sensibles, limiter la pollution. Là aussi, qui peut être contre ? Mais derrière ce message vert se cache la négation de l’humanité. L’écologisme ne pourra s’imposer que par la violence, comme le marxisme soviétique, il bâtira de nouveaux camps de concentration, il alignera les morts. Son erreur est à la source même de son idéologie. Il idolâtre la nature, il déteste l’homme, il veut bâtir une nouvelle société qui ne peut se faire que par la violence et la coercition. Il se nourrit aussi de l’ignorance, notamment quant à la construction des espaces naturels. Trop de personnes pensent encore que la nature est gentille, alors qu’elle est dangereuse et mortelle. S’il a fallu attendre le milieu du XIXsiècle pour que les Européens commencent à se baigner c’est que pendant longtemps le littoral a été un espace de mort, infesté de moustiques, de marécages et de paludisme. Les plages de France n’avaient pas le charme qu’elles ont aujourd’hui. Lorsque les Français se sont rendus en Algérie, à partir de 1830, nombreux sont ceux qui sont morts du choléra, du paludisme et des fièvres, qui ont tué près d’un tiers des effectifs militaires. Il a fallu assécher le marécage de la Mitidja et développer des médicaments contre ces maladies. La Camargue, si belle aujourd’hui avec ses gardians et ses taureaux, était une zone infestée de maladies jusqu’à la fin du XIXsiècle. Les Landes étaient une zone plate de bruyères et de pierre, avant que Napoléon III n’en fasse une vaste forêt de pins, plantés ex nihilo. De même pour la Sologne, marécage planté de chênes et de hêtres pour en faire une réserve de chasse.

 

L’homme est créateur de biodiversité

L’homme est aujourd’hui perçu comme un destructeur de biodiversité, alors que c’est lui qui crée la biodiversité. On lui doit la création de centaines d’espèces de vignes, adaptées à des climats et des sols très variés. Si l’on devait se contenter de la vitis viniferaoriginale nous n’aurions qu’une liane dégénérée bien incapable de produire les grands crus que l’on aime. À l’époque de Pline l’Ancien, du temps de l’explosion du Vésuve, il y avait une centaine de variétés de pommes dans l’Empire romain. On en ressence aujourd’hui 20 000, toutes créées par l’homme (fuji, granny smith, chantecler, etc.). Les vaches que l’on aperçoit dans nos campagnes sont nées au XIXsiècle. Elles sont le fruit de croisements d’espèces et de sélections génétiques pour avoir des animaux producteurs de lait ou de viande. Dans les années 1820, le poids moyen d’une vache était de 100 kilogrammes. Aujourd’hui, les vaches à viande frisent les 900 kg. Les fruits et les légumes que nous mangeons sont eux aussi le résultat de sélections et de croisements, dont la fameuse clémentine de Corse, inventée par le père Clément dans les jardins de son monastère d’Algérie. L’homme n’est pas un danger pour la nature ; il est celui qui permet son accomplissement et le développement des espèces naturelles existantes. Or les écologistes voient en l’homme un prédateur, un nuisible qu’il faudrait au mieux contenir au pire supprimer. Sans l’homme, il n’y aurait que chaos de friches et espèces végétales rabougries.

 

Faire peur pour soumettre

Sylvie Brunel est une géographe que j’apprécie beaucoup, car elle sait faire aimer la géographie. Elle a longtemps dirigé une ONG et est désormais professeur à Sorbonne-Université, et éleveuse de chevaux dans la Drôme. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur le développement durable, l’alimentation, l’écologie, tous pertinents et très éloignés des discours apocalyptiques. Elle vient de publier Toutes ces idées qui nous gâchent la vieoù elle démonte le discours catastrophiste des Khmers verts. Elle y rappelle notamment les formidables progrès humains, la façon dont les maladies ont été vaincues, grâce aux vaccins et aux médicaments, l’amélioration des conditions de vie. Un chiffre est à cet égard éloquent, celui du taux de mortalité infantile, c’est-à-dire le nombre de bébés qui meurent avant d’avoir atteint un an. Pour la France, ce taux est de 15.4‰ en 1973, 4.5‰ en 2008 et 3.5‰ en 2018. Il résume à lui seul les immenses progrès accomplis dans le domaine de la santé. Or les écologistes ne jouent que sur un seul ressort : la peur. Il s’agit de tétaniser la population par des prévisions apocalyptiques, afin de provoquer un effet de sidération et d’empêcher toute réflexion. Or de toutes les prévisions catastrophistes effectuées ces trente dernières années, aucune ne s’est révélée exacte.

On voit ainsi Henri Sannier, dans un JT d’Antenne 2 du 29 juin 1989, présenter un rapport de l’ONU où est évoqué le fait qu’avec le réchauffement climatique, d’ici dix ans, de nombreux pays seront sous l’eau, dont les Pays-Bas, les Seychelles, les Maldives. Rien de tout cela n’est arrivé. En revanche, en juin 1989, personne n’avait prévu les événements qui allaient se dérouler à Berlin quatre mois plus tard.

 

La peur contre l’environnement

La peur empêche de réfléchir sereinement aux façons de mettre en valeur et de protéger l’environnement. Comment limiter la pollution des eaux et des sols, comment disposer d’un air pur, comment assurer l’accès aux matières premières indispensables au développement humain ? L’écologisme empêche de réfléchir à l’écologie humaine authentique. La saison de la chasse va bientôt s’ouvrir. Les chasseurs sont indispensables au maintien de l’équilibre animal. S’il y a trop de sangliers, ce qui est le cas dans de nombreuses régions, ceux-ci développent la peste porcine et meurent en grand nombre, transmettant la maladie aux porcs d’élevage, comme c’est actuellement le cas en Europe de l’Est et en Belgique. Il est donc primordial de réguler la population de sangliers. Comme celle des cervidés. Trop nombreux en Alsace, ils mangent les jeunes pousses et frottent leurs bois contre le tronc des arbres, ce qui déchire l’écorce et favorise le développement des maladies, menaçant l’avenir de la forêt vosgienne. La région Alsace fait appel à des chasseurs d’autres régions pour réguler le cheptel de cervidés. Face aux discours de peur et de haine à l’égard de l’homme, il est essentiel de revenir à une meilleure connaissance de la nature et au rôle de l’homme dans le développement de celle-ci. C’est la seule condition pour aimer la nature, développer et protéger les paysages, et assurer le développement authentique de l’homme.