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La Chine est devenue importateur net de riz : impacts

11 mars 2013

Alors que la Chine est un grand pays producteur de riz, sa production n'est plus suffisante pour compenser la hausse de la consommation. Ainsi les importations ont fortement augmenté de sorte que la Chine est devenue depuis 2 ans un pays importateur net de riz. Autrement dit, les importations de riz de la Chine sont supérieures aux exportations. Cette évolution peu inquiéter mais elle implique surtout l'obligation pour la Chine de s'adapter à cette nouvelle situation.

L'augmentation démographique et des modes de consommation expliquent cette évolution:

Deux phénomènes sont à l'origine de cette évolution. Tout d'abord, on observe que la hausse de la population augmente mécaniquement la consommation de riz en Chine. D'autre part, l'élévation du niveau de richesse des populations engendre également une augmentation de la consommation moyenne par habitant. Au final, ces deux effets conjugués font que la production nationale ne peut plus répondre à la demande. Dès lors, la solution consiste à augmenter les importations. Notons que ces phénomènes se retrouvent également en ce qui concerne la consommation et les importations de blé et de maïs. Toutefois, les volumes concernés sont moindres car ces aliments ne sont pas aussi prépondérants dans l'alimentation traditionnelle chinoise.

Les risques sur les prix du riz sont contradictoires:

Cette augmentation des importations peut engendrer une hausse des prix (nationaux et mondiaux). En effet, le poids de la Chine est dorénavant tel, qu'un changement dans son approvisionnement impacte nécessairement l'ensemble des marchés mondiaux. Ainsi, dans un monde où une large partie de la population est pauvre (y compris en Chine) et dépendante des prix du riz dans l'alimentation quotidienne, les répercussions peuvent être très significatives. Toutefois, ce risque est à relativiser car contrairement à certaines ressources naturelles non-renouvelables telles que le pétrole, il existe un fort potentiel de croissance de la production pouvant ainsi répondre à la demande et contenir la hausse des prix.

Cette évolution fait avant tout peser un risque social:

Au final, pour la Chine, cette évolution n'est pas seulement un problème économique potentiel, mais c'est surtout un enjeu social majeur. En effet, le riz et sa culture sont des fondements de la société chinoise. Or, si les prix venaient à augmenter fortement, ce ne sont pas les populations aisées des villes qui seraient impactées, mais celles des campagnes, renforçant ainsi les différences entre ces deux populations en termes de niveau de vie.  De plus, les productions importées pourraient concurrencer les productions de riz chinois, affectant ainsi les revenus paysans. Tout cela intervient dans un contexte de tensions sociales où les populations rurales sont discriminées par rapport aux populations urbaines. En effet les ruraux n'ont pas une liberté totale de circulation dans le pays, de plus, ils sont souvent expulsés de leurs champs contre une indemnisation financière symbolique pour permettre d'étendre les villes. Cet élément supplémentaire pourrait avoir des effets sociaux catastrophiques dans un pays où les demandes de redistributions se font de plus en plus pressantes.

Plusieurs évolutions sont envisageables pour limiter les risques économiques et sociaux:

Par conséquent, la Chine ne risque pas de faire face à un problème d'autosuffisance, le pays pourra toujours augmenter ses importations, mais elle fait face au risque de montée du mécontentement social et de baisse des revenus paysans.

Afin de faire face à cette situation, la Chine va probablement devoir engager de réformes de taille:

1) Augmentation de la taille des entreprises agricoles pour pouvoir augmenter la production et améliorer la productivité pour faire face à la concurrence.

2) Développement du riz OGM plus résistant et moins consommateur de pesticides. Le but étant de limiter les pertes de récoltes, et par la même occasion de diminuer la pollution liée à la culture du riz.

3) Enfin, il faudra repenser la liberté de circulation des citoyens (notamment ruraux) afin d'inciter l'exode rurale pour que la dépendance des populations aux prix agricoles soit moindre.

Citation

Sylvain Fontan, “La Chine est devenue importateur net de riz : impacts”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 12/03/2013.