"Quand un économiste vous répond, on ne comprend plus ce qu’on lui avait demandé " - André GIDE
"Une société qui ne reconnaît pas que chaque individu à des valeurs qui lui sont propres qu'il est autorisé à suivre, ne peut pas avoir de respect pour la dignité de l'individu et ne peut réellement connaître la liberté" - Friedrich HAYEK
"La protection douanière est notre voie, le libre-échange est notre but " - Friedrich LIST
"Le budget est le squelette de l'État débarrassé de toute idéologie trompeuse" - Joseph SCHUMPETER
"Un peu d’internationalisation éloigne de la patrie, beaucoup y ramène" - Jean JAURÈS
"Prenons le cas de Singapour. […] On dirait un miracle économique. Mais le miracle est moins celui de l’inspiration que celui de la transpiration" - Paul KRUGMAN
"Détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence" - Frédéric BASTIAT
"Le bon stratège contraint l'ennemi et ne se laisse pas contraindre" - Sun TZU
"La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L’homme est une création du désir, et pas une création du besoin" - Gaston BACHELARD
"La seule cause de la dépression est la prospérité" - Clément JUGLAR
7 janvier 2014
Après huit ans passés à la tête de la banque centrale américaine (communément appelée FED pour Federal Reserve), Ben Bernanke va laisser sa place le 31 janvier 2014. Son remplaçant est une femme nommée Janet Yellen. Elle va ainsi devenir un des décideurs politiques parmi les plus influents de la sphère économique mondiale. Sa nomination intervient dans un contexte difficile et les défis auxquels cette dernière va devoir se confronter sont particulièrement ardus.
Qui est Janet Yellen ?
Janet Yellen est une économiste très expérimentée. Au-delà du fait que ce soit la première femme présidente de la FED, et la deuxième parmi les grandes économies (Elvira Nabiuillina dirige la banque centrale de Russie depuis juin 2013), J. Yellen est avant tout une économiste reconnue. En effet, elle est diplômée de l'université de Yale (Etats-Unis) où elle obtient un doctorat en économie en 1971. Elle enseigne ensuite l'économie à l'université de Berkeley, de Harvard et à la London School of Economics. Elle est notamment spécialisée sur le marché du travail et sur les causes, les mécanismes et les implications du chômage. Elle occupe un poste de gouverneur de la FED de 1994 à 1997. Puis, elle devient conseillère économique du Président Bill Clinton de 1997 à 1999. Ensuite, entre 2004 et 2010, elle préside la banque centrale de San Francisco. Enfin, elle est depuis quatre ans l'actuelle vice-présidente de la FED dont elle va prendre la direction en janvier prochain. Notons enfin sur le plan personnel qu'elle a 67 ans et qu'elle est mariée avec le prix Nobel d'économie 2001 : Georges A. Akerlof.
Les causes de sa nomination
A l'origine, Janet Yellen n'était pas la favorite pour ce poste. En effet, malgré les compliments du Président américain Barack Obama ("Elle est exceptionnellement qualifiée"), le favori pour ce poste était Larry Summers. Toutefois, ce dernier a finalement décidé de retirer sa candidature à la présidence de la FED. Sa décision de ne pas briguer ce poste tenait essentiellement à certaines polémiques portant sur sa personnalité, ses positions économiques et certaines de ses déclarations publiques jugées sexistes.
Janet Yellen présente plusieurs atouts indéniables pour ce poste :
Au final, sans que cela soit forcément automatique, sa nomination suit une évolution naturelle. Elle devient ainsi une des femmes les plus puissantes du monde avec Angela Merkel en Allemagne et Christine Largade à la tête du FMI (Fond Monétaire International). Son pouvoir est même très probablement supérieur à celui de Barack Obama tant les marges de manœuvres économiques de ce dernier sont restreintes, notamment par la situation politique du pays.
Contexte et défis
La nomination de Janet Yellen intervient dans un contexte économique pour le moins troublé. En effet, sa nomination par le Président Barack Obama à la tête de la FED est intervenue début Octobre 2013 dans un contexte de (1) "shutdown" budgétaire où l'Etat a cessé certaines dépenses publiques qui a entraîné le chômage technique de près de 800'000 fonctionnaires, et (2) de tensions politiques quant au relèvement du plafond de la dette américaine avec le risque d'un défaut de paiement du pays. Tous ces éléments sont venus fragiliser une reprise économique qui peine à se confirmer.
Janet Yellen fera face à deux défis principaux avec des implications pour les Etats-Unis et le monde :
1) Elle devra mener une politique transparente et lisible. L'objectif sera de créer un climat de confiance permettant d'améliorer la visibilité dans le temps des agents économiques (entreprises, ménages, institutions financières) dans un contexte économique particulièrement incertain pouvant amener ces agents à reporter leurs décisions économiques dans le temps et ainsi entretenir une spirale négative.
2) Elle devra surtout organiser le démantèlent de la politique monétaire exceptionnellement expansive mise en place par la Fed depuis l'éclatement de la crise globale, tout en préservant les objectifs de la banque centrale américaine qui sont de garantir des prix stables (inflation modérée et contrôlée), stimuler l'emploi (diminuer le taux de chômage) et maintenir des taux d'intérêts à long terme à des niveaux contenus. Concrètement, elle devra réduire les programmes de rachats d'actifs réalisés mensuellement par la FED (85 milliards de dollars injectés tous les mois dans l'économie, soit environ un New Deal par mois).
L'objectif final est de suffisamment conditionner les anticipations pour éviter une nouvelle crise. En effet, la politique monétaire américaine devra permettre de suffisamment conditionner les anticipations des investisseurs afin d'éviter une remontée rapide des taux d'intérêts et prévenir d'éventuelles bulles sur les marchés (comme celle de l'immobilier qui a marqué l'enclenchement de la crise à l'été 2007). Le risque est que la FED n'arrive pas à cet objectif et que les programmes "d'assouplissements quantitatifs" qui sont des outils monétaires "non-conventionnels" aboutissent à un crack sur les marchés obligataire et sur les taux à long terme qui aurait des conséquences au-delà des Etats-Unis mais aussi sur les flux de capitaux dans les pays émergents et sur les devises telles que l'euro avec (entre autres) une chute des exportations dans ces pays.
Citation
Sylvain Fontan, “Le nouveau président de la banque centrale américaine (FED) : Janet YELLEN”, analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 13/11/2013.