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"Vous ne pouvez pas taxer les gens quand ils gagnent de l'argent, quand ils en dépensent, et quand ils épargnent" - Maurice ALLAIS

"Christophe Colomb fut le premier socialiste. Il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait, et ce aux frais du contribuable." - Winston CHURCHILL

"En général, on parvient aux affaires par ce qu'on a de médiocre, et on y reste par ce que l'on a de supérieur" - François-René de CHATEAUBRIAND

"Le problème avec la réduction des impôts sur le revenu c’est que ça stimule suffisamment l’économie pour que tout le monde rentre dans la tranche supérieure" - Harold COFFIN

"On appelle progrès technique une capacité d’action de plus en plus efficace que l’homme acquiert par l’effort intellectuel sur les éléments matériels" - Jean FOURASTIE

"Un économiste est quelqu’un qui expose l’évidence en termes incompréhensibles" - Alfred KNOPFT

"Hélas! Qu'y a-t-il de certain dans ce monde, hormis la mort et l'impôt ?" - Benjamin FRANKLIN

"Un Economiste peut commettre deux erreurs, la première consiste à ne pas calculer et la seconde à croire en ce qu’il a calculé" - Michal KALECKI

"Le problème avec le socialisme, c'est que, tôt ou tard vous êtes à court de l'argent des autres" - Margaret THATCHER

"Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes souvent morts depuis longtemps et dont ils ignorent le nom " - John Maynard KEYNES

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Georges A. AKERLOF : Théorie de la sélection adverse

25 septembre 2015

Né en 1940 aux Etats-Unis, Akerlof est un économiste qui a notamment travaillé à l'université américaine de Berkeley. Les travaux qui l'ont rendu célèbre renvoient notamment à la rationalité des agents économiques (voir définition). Il est reconnu pour être un économiste d'inspiration keynésienne, mais qui a travaillé sur un thème généralement associé aux néoclassiques : la microéconomie (voir définition). Il prête attention aux dimensions psychologiques et sociologiques du comportement économique. Il reçoit le prix Nobel d'économie en 2001, en compagnie de M. Spencer et de J.Stiglitz, pour ses travaux sur la place des asymétries d'information, c'est-à-dire, des situations d'échange où les agents ne disposent pas des mêmes connaissances sur des variables utiles à la réalisation de la transaction. La prise en compte de cette asymétrie d'information permet d'expliquer pourquoi l'agent qui détient l'information, possède un avantage sur l'autre partie.

Georges A. AKERLOF

 

Le cas du marché des Lemons : théorie de la sélection adverse

Le papier le plus connu de Akerlof date de 1970 et s'intitule :"The Market for Lemons : Quality Uncertainty and the Market Mechanism". Les Lemons correspondent au marché automobile d'occasion aux Etats-Unis dont la traduction littérale est "guimbarde". Il y a une multiplicité d'acheteurs et de vendeurs sur ce marché non réglementé (sans contrôle sur la qualité des voitures vendues). Le marché des Lemons constitue un exemple type d'asymétrie de l'information car le vendeur connait l'état réel de la voiture puisqu'il en a été l'utilisateur, contrairement à l'acheteur qui ne le connait pas

Dans le cas où il existe deux types de voitures (bonne et mauvaise qualité), les vendeurs n'accepteront pas de vendre en-dessous d'un certain prix, alors que les acheteurs n'accepteront pas d'acheter au-dessus d'un certain prix. Le vendeur d'un véhicule de bonne qualité souhaite vendre à un prix correspondant à cette qualité, alors qu'inversement, le vendeur d'un véhicule de mauvaise qualité est prêt à le vendre à un prix faible. Du côté de l'acheteur, ce dernier n'a pas de moyen de savoir si le véhicule est de bonne ou de mauvaise qualité, il peut seulement pour cela se baser sur l'aspect général du véhicule et les dires du vendeur. Dans ce contexte, l'acheteur sera prêt à acheter le véhicule, mais à un prix moindre qu'un véhicule de bonne qualité, car il sait qu'il y a une possibilité non nulle que ce véhicule s'avère de mauvaise qualité. En payant un prix "moyen", il s'assure d'une certaine manière contre ce risque.

Dans cette situation, le vendeur d'un véhicule de bonne qualité va toujours refuser l'offre faite par l'acheteur potentiel. En effet, l'asymétrie d'information fait qu'il est impossible que s'établisse un prix auquel les vendeurs de véhicules de bonne qualité auraient intérêt à conclure une transaction. Les vendeurs de véhicules de bonne qualité vont progressivement se retirer du marché, augmentant ainsi la proportion de véhicules de mauvaise qualité, jusqu'à ce qu'il ne reste que ces véhicules sur le marché. Par la suite, le marché peut disparaître car aucune transaction profitable ne peut être réalisée. L'asymétrie de l'information détruit le marché, c'est ce qui s'appelle le phénomène de "sélection adverse" ou "anti-sélection".

Illustration du principe d'asymétrie de l'information : marché de l'assurance et du travail

Dans le marché de l'assurance, il coexiste deux types d'individus : les individus avec de "bons" risques (faible probabilité d'accident, faible risque de problème de santé...) et les individus avec de "mauvais" risques (caractéristiques inverses). Si les compagnies d'assurance pouvaient observer  le risque de chaque individu, alors il y aurait deux marchés dont les prix seraient différents selon les risques. Or, dans le cas d'une asymétrie d'information, les compagnies d'assurance ont trois solutions :

  • Proposer un prix "moyen" : mais alors seuls les individus à risque élevé auront intérêt à souscrire une police d'assurance.
  • Proposer un prix faible : mais alors ce système serait inefficace pour couvrir les coûts du fait de la présence de "mauvais" risques.
  • Proposer des prix élevés : mais alors les "bons" risques sortiraient du marché et seuls resteraient les individus avec une très forte demande d'assurance, autrement dit ceux avec de "mauvais" risques élevés.

Sur le marché du travail, si l'origine ethnique d'un employé potentiel est prise comme un indicateur du niveau d'éducation, mais que l'employeur n'est pas capable d'identifier avec précision le niveau de chaque individu, alors, le groupe au sein duquel la probabilité observée de trouver un individu sous-éduqué est élevé, risque d'être exclu du marché du travail, alors même que des individus composant ce groupe peuvent avoir les qualités requises.

Développements du principe d'Akerlof : théorie du signal et théorie des contrats implicites

THEORIE DU SIGNAL:

En cas d'asymétrie d'information, les "bons" types (vendeur de qualité, assuré avec peu de risque, personne honnête, compétente, etc) vont chercher à se signaler. Le problème, c'est que pour que ce signal fonctionne (soit crédible), il ne doit pas pouvoir être envoyé pas un "mauvais" type.

Sur le marché du travail, c'est le diplôme qui joue ce rôle. En effet, le temps consacré à obtenir le diplôme est couteux à la fois en terme monétaire mais aussi en terme d'efforts car cela signifie le sacrifice de gains immédiats au profit de revenus futurs. De plus, l'effort est plus grand quand les aptitudes sont plus faibles. Dès lors, il est plus couteux à un agent peu doué d'obtenir un diplôme. Ainsi, il est possible de dire que le signal du diplôme est crédible, d'autant que plus le diplôme est difficile à obtenir, plus il est le signal d'aptitudes, plus que de connaissances. Néanmoins, notons que ce sont les agents informés qui sont à l'initiative de l'émission de ce signal, et qui entreprennent de révéler leur type.

THEORIE  DES CONTRATS IMPLICITES :

La théorie du contrat se base sur le modèle du principal et de l'agent, autrement dit de la personne non informée et de la personne informée. Elle se base également sur un choix multiple de contrats, et pas un choix du type "à prendre ou à laisser".

La partie non informée (le principal) propose à l'agent un contrat. La partie informée (l'agent) réagit en fonction du choix proposé et va alors prendre le contrat le plus avantageux pour lui. Dans ce cadre, c'est le choix de l'agent qui va indiquer au principal le type de l'agent ("bons" ou "mauvais").

Dans le cas d'un contrat d'assurance, il y a deux contrats proposés :

1) Forte prime d'assurance mais en cas d'accident, petite franchise.

2) Caractéristiques inverses.

Dans le cas d'un "bon" risque qui sait que sa probabilité d'accident est faible, il prendra le contrat n°2. Inversement, le "mauvais" type prendra le contrat n°1 car il sait que sa probabilité d'accident est élevée.

L'assureur ne peut donc pas observer directement les caractéristiques des individus, mais il peut les induire à partir des choix. Dès lors, il propose en amont des contrats de façon à ce que l'offre établie pour un type ne puisse pas être choisi par l'autre. Le but étant que le "mauvais" risque n'ai pas intérêt à choisir le contrat qui favorise les risques peu élevés.

Citation

Sylvain Fontan, “L'économiste de la semaine : Georges A. AKERLOF”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 24/06/2013.

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