"Il serait un mauvais économiste celui qui ne serait qu’économiste" - Friedrich HAYEK
"La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts " - Georges CLEMENCEAU
"N'acceptez ni les vérités d'évidence, ni les illusions dangereuses" - Maurice ALLAIS
"On ne peut devenir entrepreneur qu’en devenant auparavant débiteur. S’endetter appartient à l’essence de l’entreprise et n’a rien d’anormal" - Joseph SCHUMPETER
"L'inégalité est le résultat de la compétition entre technologies et éducation" - Jan TINBERGEN
"Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice." - MONTESQUIEU
"Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées." - Winston CHURCHILL
"L'épargne et l'accumulation de biens de capitaux qui en résulte sont au début de chaque tentative d'améliorer les conditions matérielles de l'homme; c'est le fondement de la civilisation humaine" - Ludwig Von MISES
"La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres" - Winston CHURCHILL
"Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire. Car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin. " - Henry FORD
12 juillet 2013
De plus en plus de signes laissent à penser que les Etats-Unis sont en train de sortir de la crise économique. Parmi ces signes il convient de citer les inscriptions au chômage qui diminuent, les ventes de logement qui rebondissent, la croissance économique qui est relativement élevée et stable, ou encore la consommation des ménages qui augmente alors que cette dernière est fortement corrélée à la confiance des consommateurs.
Toutefois, ces signes positifs doivent être relativisés au regard de la nature exacte de cette reprise. Un élément significatif de cette reprise en demi-teinte est l'annonce récente du président de la banque centrale américaine (FED), Ben Bernanke, et de ses effets. En effet, ce dernier a annoncé son intention de diminuer son soutien à l'économie dans un avenir relativement proche (signe que l'économie va mieux), mais dans la foulée les marchés financiers ont montré des signes de vacillement (preuve que des doutes subsistent sur la pérennité de la reprise sans la continuité de cette aide - voir décryptage).
Originalité de la reprise actuelle des Etats-Unis
Habituellement, les phases d'expansion et de reprise économiques se traduisent aux Etats-Unis par une augmentation des investissements, de la production industrielle ou encore des commandes. Or, la reprise actuelle est différente. En effet, l'industrie américaine est presque en stagnation (que ce soit au niveau des emplois, des commandes ou des biens d'équipements). De plus, l'investissement des entreprises a augmenté de +3% sur un an et la partie liée aux technologies et à l'innovation de ces investissements ne représentent que 2-3%, quand ce niveau s'élève à 15-20% généralement.
Les créations d'emplois augmentent mais la nature de ces créations amène à relativiser cet aspect. En effet, les emplois créés s'effectuent dans des services peu sophistiqués tels que les transports, la restauration, les services à la personne et la santé. Autrement dit, les secteurs porteurs de croissance et de forte valeur ajoutée ne connaissent pas une augmentation des effectifs (industrie, nouvelles technologies, construction, etc).
Malgré la faible qualité et sophistication des emplois, les prévisions de croissance économique américaine pour l'année 2013 s'élèvent à 2-2,5%. Toutefois, la hausse des impôts combinée à la baisse des dépenses publiques, prévues et déjà engagées, devraient finalement aboutir à une croissance légèrement inférieure à +2% en 2013, puis +2,5% en 2014.
Dans ce cadre, ce ne sont pas tant les chiffres qui sont inquiétants, mais surtout la nature de cette reprise. En effet, la faible sophistication des emplois créés renvoie à des emplois mal payés, à temps partiel et dans le secteur des services. Dès lors, ce phénomène traduit une dégradation de la qualité de l'économie américaine, qui s'accompagne d'un ralentissement des gains de productivité. Au final, il y a bien création d'emplois, mais ce sont des emplois peu productifs.
La reprise américaine est également soutenue par l'exploitation des gaz et pétroles de schistes. Ils confèrent un réel avantage en terme de compétitivité. En effet, les gains liés à cette exploitation sont équivalant à une baisse de -15% des salaires sur le coût du travail. Toutefois, les effets attendus quant à la diffusion sur l'ensemble de l'économie sont encore très modérés. En pratique, la baisse des coûts de production engendrés par cette exploitation n'a pas encore permis de relocaliser des industries parties à l'étranger, et les créations sont encore modestes.
L'effet encore mitigé des gaz et pétrole de schiste sur l'économie se traduit par la faiblesse des exportations des Etats-Unis qui n'augmentent pas, ce qui fait écho à la faiblesse de l'économie mondiale et ses répercussions sur le commerce international. En d'autre terme, les entreprises américaines ne sont pas prêtes à investir dans ces conditions. De plus, tout cela traduit les incertitudes concernant le budget américain et les coupes automatiques dans les dépenses (séquestre). En effet, ce phénomène sera encore de mise en 2014 mais les montants et le contenu exacts des coupes sont encore inconnus. Les incertitudes viennent s'ajouter à la diminution programmée des programmes de défense dans un pays où le complexe industrialo-militaire est très important. Dans ce cadre, il est prévisible que les industries liées (électronique et électrotechniques) seront également touchées. La conséquence de tous ces évènements est l'attentisme des acteurs économiques.
Conséquences pour l'Europe
En conséquence de tous ces évènements, les acteurs européens ne peuvent pas être trop optimistes quant au potentiel de rebond de l'économie américaine. Les effets positifs potentiels pour l'économie européenne s'en trouvent limités. Dans ces conditions, l'Europe ne doit pas attendre la reprise américaine pour stimuler la croissance du continent car c'est essentiellement une croissance domestique, et donc sans impact sur les importations car elle n'implique par l'augmentation de la demande adressée au reste du monde.
Dès lors, la conclusion de cela est que les pays européens, au premier rang desquels il convient de citer la France, qui pensaient pouvoir éviter de réformer leurs économies, et faire peser ce poids sur leurs voisins et partenaires, ne pourront pas le faire. La déception serait grande si ils continuaient à le faire car ils ne pourront pas bénéficier d'une éventuelle reprise venue de l'extérieure tant que les Etats-Unis suivront ce modèle car la croissance américaine n'est pas un moteur de la reprise mondiale. A ce titre, notons également que la reprise ne pourra provenir de la Chine ou du Japon, car le premier commence à montrer des signes de ralentissement et les deux pays commencent à réorienter leurs activités vers la croissance domestique. En effet, la construction d'infrastructures dans ces pays n'est pas sources de hausse de la demande extérieure (importations) qui pourraient être adressée à l'Europe.
Décryptages connexes
Sylvain Fontan, “Etats-Unis : d'une crise à l'autre”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 30/05/2013.
Sylvain Fontan, “Etats-Unis : forte réduction du déficit public mais temporaire”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 24/05/2013.
Citation
Sylvain Fontan, “La reprise en demi-teinte des Etats-Unis”, décryptage publié sur «www.leconomiste.eu» le 12/07/2013.