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La contre-révolution monétariste de Milton Friedman

24 février 2015

Milton Friedman (1912-2006) est un économiste américain et prix Nobel d'économie en 1976 sur le thème "Analyse de la consommation, histoire et théorie monétaire". Parmi ses diverses activités, il enseigne notamment à l'université de Chicago entre 1946 et 1977, laquelle est un "temple" du libéralisme et de la théorie néoclassique contemporaine. Il est surtout connu pour être le chef de file de l'Ecole monétariste qui, entre autres, réhabilite la théorie quantitative de la monnaie selon laquelle, en substance, toute variation de la masse monétaire entraîne une variation du niveau général des prix ; autrement dit, l'évolution de la quantité de monnaie en circulation impacte l'inflation.

FRIEDMAN Milton

 La contre-révolution monétariste

Le message principal de M. Friedman est le suivant : il défend l'idée d'une société libre, sans intervention de l'Etat et qui accorde une attention importante à la monnaie. La notoriété et la reconnaissance de ses travaux théoriques et empiriques débouchent en 1968 sur l'appellation de "monétarisme" comme doctrine économique.

L'Ecole monétarise se constitue dans les années 1960 à l'Université de Chicago. En substance, cette école de pensée économique préconise l'abandon des politiques monétaires de relance jugées inefficaces et inflationnistes ainsi que l'adoption de règles limitant la croissance de la masse monétaire, c'est-à-dire limitant la quantité de monnaie en circulation dans l'économie. Il en résulte la nécessité de contrôler la masse monétaire pour éviter l'inflation, et à la fois de la stabiliser pour amortir les oscillations du taux de croissance autour de sa tendance de long terme. Il est alors question de "contre-révolution" par rapport aux politiques économiques keynésiennes discrétionnaires dominantes de l'époque en préconisant l'adoption d'une règle monétaire intangible, fixant un taux de croissance de la masse monétaire correspondant au taux de croissance à long terme de la richesse nationale, c'est à dire le PIB (Produit Intérieur Brut).

Le "Jardin japonais"

L'expression du "Jardin japonais" fait référence à l'œuvre de référence de Milton Friedman. Si l'ouvrage de Friedman le plus souvent cité est "Studies in the Quantity Theory of Money" (1956), l'ouvrage reprenant probablement le plus et le mieux son œuvre est "The Optimum Quantity of Money and other Essays" qui expose des travaux rédigés entre 1952 et 1969. Dans la préface de ce livre il utilise l'image du Jardin japonais pour décrire sa théorie monétaire dans laquelle "il y a une unité esthétique qui découle de sa variété ; une simplicité apparente qui dissimule une réalité sophistiquée ; une vue de surface qui se dissout dans les perspectives les plus profondes".

Cet ouvrage reprend pour l'essentiel le triple message de Milton Friedman :

  • Sur le plan théorique, la monnaie est importante, voire essentielle au fonctionnement et à la compréhension du fonctionnement des économies modernes. Il faut réhabiliter la théorie quantitative de la monnaie qui permet l'étude des déterminants de sa demande et de son offre, mais aussi l'étude des implications sur les prix et le revenu  à court et à long terme.
  • Sur le plan pratique, la politique monétaire est une arme efficace, à condition de la manipuler avec beaucoup de précaution. L'intervention de l'Etat est déstabilisatrice, d'où l'importance des règles pour le contraindre.
  • Sur le plan méthodologique, les faits et les statistiques doivent être examinés attentivement pour arriver à des conclusions qui soient non seulement pertinentes, mais aussi utiles pour aider à la décision.

Les différents travaux de l'ouvrage permettent in fine de dégager un certain nombre de conclusions. En effet, par étapes successives, Friedman contribue à jeter les bases du monétarisme (le jardin japonais) en combinant les conclusions de travaux théoriques et empiriques, mais aussi en montrant lui-même chaque fois les limites. Egalement, il se livre à une critique en règle des approches keynésiennes. Enfin, il souligne l'importance de la monnaie, et la supériorité des règles et des politiques monétaires axées sur le contrôle de la quantité de monnaie. Dans ce cadre, les principales conclusions qui émergent de cette démarche sont :

  • La monnaie est importante ;
  • La théorie quantitative de la monnaie est une théorie de la demande de monnaie (et non de l'offre) ;
  • la fonction de monnaie est stable ;
  • la monnaie affecte l'activité à court terme (erreurs d'anticipation des agents économiques) et non à long terme ;
  • l'inflation est un phénomène monétaire ;
  • la masse monétaire doit croître à un taux fixe correspondant à la croissance de la production afin de garantir la stabilité des prix à long terme ;
  • Etc.

 

Citation

Sylvain Fontan, « La contre-révolution monétariste de Milton Friedman », analyse publiée sur «www.leconomiste.eu» le 24/02/2015.

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