"Quand un économiste vous répond, on ne comprend plus ce qu’on lui avait demandé " - André GIDE
"La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres" - Winston CHURCHILL
"L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare " - Maurice BLONDEL
"Les investissements d'aujourd'hui sont les profits de demain et les emplois d'après demain" - Helmut SCHMIDT
"L'économie mondiale demeure une notion abstraite aussi longtemps que l'on ne possède pas un compte en banque" - Achille CHAVEE
"Les bonnes questions ne se satisfont pas de réponses faciles" - Paul SAMUELSON
"Quand vous êtes capable, feignez l'incapacité. Quand vous êtes proche, feignez l'éloignement. Quand vous êtes loin feignez la proximité" - Sun TZU
"La productivité est la mesure du progrès technique" - Jean FOURASTIE
"La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts " - Georges CLEMENCEAU
"Le problème avec la réduction des impôts sur le revenu c’est que ça stimule suffisamment l’économie pour que tout le monde rentre dans la tranche supérieure" - Harold COFFIN
Parmi les belles expositions parisiennes de l'automne 2017, on trouve celle que Beaubourg consacre au peintre anglais David Hockney. Né en 1937, il a migré en Californie dans les années 1960, époque où son œuvre a connu une véritable inflexion. Il vit désormais de nouveau dans le Yorkshire, comme en témoignent ses dernières créations. Le peintre a beaucoup à apprendre à la géopolitique. La reproduction des paysages, la confrontation dans un espace restreint (la toile) des rapports humains, la représentation d’une époque, rendent intelligibles des parcelles d’humanité qui échappent bien souvent aux chiffres et aux données. La peinture exprime une vérité que l’historien et le géopoliticien essayent de comprendre.
La dernière rétrospective parisienne sur David Hockney date de 1999. Cette année-là, Beaubourg avait présenté les toiles consacrées au grand canyon. Deux toiles du canyon se trouvent dans l’exposition actuelle, qui est une rétrospective de la vie picturale d’Hockney, pour ses 80 ans.
David Hockney se situe dans la grande tradition des peintres anglais du paysage, dont les plus célèbres sont John Constable et William Turner. Une peinture des paysages bien différente des peintres italiens et de l’école française, même si tous ces maîtres se connaissent et s’influencent. Le peintre le plus géopolitique est sûrement Vermeer, avec son Astronome et son Géographe, tous deux penchés sur un globe, l’un céleste l’autre terrestre. L’amoureux des cartes y trouve là matière à réflexion et à admiration, comme dans la longue galerie des cartes des musées du Vatican.
Par Jean-Baptiste Noé
La fiscalité sur le revenu est une notion relativement simple. Néanmoins, beaucoup de personnes ne comprennent en réalité pas sa mécanique. Le texte qui suit est issu de ce qui est visiblement une chaîne de messages électroniques. L'Economiste s'est borné à organiser les idées et à les adapter, sans travestir les propos d'un texte dont il n'est cependant pas capable d'indiquer la paternité.
Il est peu probable que vous connaissiez Conches-en-Ouche. Comme son nom l’indique, cette ville de 5 000 habitants est située en Normandie, dans le pays d’Ouche. Par le train, il faut une heure et demi pour rejoindre Paris et la gare Saint-Lazare. C’est la merveille de la géopolitique : New-York, Pékin, Venise, Londres, Berlin sont des villes géographiquement plus loin, mais culturellement plus proche. Il n’est pas rare de s’y être rendu. On peut s’y donner rendez-vous, on en partage des souvenirs communs. La mémoire et le vécue mettent en communs les rues de ces villes, les boutiques, les entreprises. Elles font partie de notre quotidien, même s’y on n’y a jamais été. Conches-en-Ouche, en revanche, est l’une de ces villes inconnues, bien que désormais très proche de la capitale. Rien n’empêche le cadre parisien, le matin, de ne pas monter dans son train pour La Défense ou pour Cergy mais de s’offrir une heure trente de voyage pour un dépaysement complet et de passer une journée dans le pays d’Ouche. Sur le trajet de cette ville, il pourra relire les pages que Jean de La Varende consacre à son pays : « Voici les grâces secrètes de cette contrée. Le petit fleuve s’accoude à gauche sur une forte colline chargée d’arbres, mais cerne, à droite, une haute et lente moquette qui s’exhausse vers le sud. L’eau l’entoure d’un trait pur et chantant. ». Par Jean-Baptiste Noé.
Dans cette vidéo, on explique que le vote peut conduire à des résultats qui ne correspondent pas aux préférences des électeurs. Le suffrage majoritaire à deux tours, par exemple, peut conduire à l'élection d'un dirigeant politique qui ne serait pas celui choisi dans un système proportionnel. C'est ce qu'on appelle le paradoxe de Condorcet : le système de scrutin majoritaire ne reflète pas les préférences des électeurs. Ce paradoxe de Condorcet est central dans la théorie des choix publics qui sera développée au XXème siècle, et a joué un rôle déterminant pour le théorème d'impossibilité de Kenneth Arrow, qui démontrait l'impossibilité pour la démocratie de représenter et d'agréger correctement les préférences sociales réelles des électeurs.
La démocratie peut se définir comme un système politique dans lequel la souveraineté émane du peuple. Cependant, il ne suffit pas d’assimiler la démocratie à la simple instauration d’institutions démocratiques et à la pratique du vote, il faut davantage la concevoir en termes de « raisonnement public ». Par ce terme, on entend le droit qu’acquiert un individu pour s’exprimer et débattre publiquement, à toutes les échelles de la société. La liberté de la presse est également une composante essentielle d’une démocratie. Elle permet en effet un accès pour tous à l’information, une liberté d’expression et d’opposition.
Le rôle de l’éducation dans le processus de démocratisation d’un pays apparaît également essentiel. L’éducation contribue au capital humain du pays, ce qui permet un raisonnement public sur le bien-fondé d’une démocratie, et est également vecteur de croissance économique à travers le capital humain et la capacité à innover et entreprendre. Il semblerait qu’un pays plus éduqué soit davantage démocratique.
Cependant, la relation entre éducation et démocratie n’apparaît pas si évidente. Durant la guerre froide, malgré une population éduquée dans l’ex-URSS, ce bloc de pays n’est pas devenu une démocratie – du moins jusqu’à la chute de l’URSS (bien que ce point soit encore sujet à débats). Il semblerait donc que l’éducation soit tout à fait importante dans une démocratie, mais elle ne constituerait pas le facteur capital à l’avènement d’un régime démocratique. L’exemple du Botswana est tout à fait parlant. Acemoglu écrit, « la principale barrière à la démocratie n’est pas le faible niveau d’éducation mais les inégalités sociales et économiques qui créent des conflits ».
Les mouvements régionalistes qui touchent l’Europe posent une question de fond : comment construire une nation et qu’est-ce qui fait que l’on s’attache à tel ou tel pays, tel ou tel peuple ? Deux écoles de géopolitique se sont affrontées sur ce sujet, l’allemande et la française, dont la question alsacienne en a été le paroxysme. Pour les Allemands, le peuple est uni par le sang, la langue, le territoire. C’est l’idée de Fichte dans ses Discours à la nation allemande, reprise par tous les penseurs, avec parfois des nuances. Bismarck, Guillaume II, les officiers de la Wehrmacht et les cadres nazis ont, sur ce sujet, la même vision du monde. D’où l’Anschluss, l’annexion des Sudètes et celle de l’Alsace ; tous les Allemands devant être unis dans un même pays. Pour l’école française, la nation est une adhésion volontaire à des idées. Cette notion est née de la Révolution française. Un Italien qui adhère aux idéaux de la Révolution est Français. Un Français qui rejette ces idéaux n’appartient plus à la communauté nationale. D’où l’affrontement entre Numa Fustel de Coulanges et Théodore Mommsen, tous deux grands historiens, lors de la discussion de l’annexion de l’Alsace. Par Jean-Baptiste Noé.
Le texte qui suit est un extrait du discours prononcé par l'économiste Gary Becker à l'occasion de sa remise du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel (prix Nobel d'économie), le 10 décembre 1992. G. Becker reçoit alors son prix grâce à son apport concernant l'élargissement de l'analyse économique à de nouveaux domaines relatifs aux comportements humains et aux relations humaines (théorie du capital humain). En substance, la thèse développée par G.Becker dans ce texte est que les parents sont incités, entre autres, à investir dans l'éducation de leurs enfants pour augmenter les chances de bénéficier, plus tard, d'un "retour sur investissement", c'est-à-dire d'une aide lorsqu'ils seront âgés. Mais n'étant jamais certains d'obtenir un tel retour, les parents inculquent en sus à leurs enfants les sentiments de culpabilité, de l'amour filial et de l'obligation envers leurs aïeuls.
J'ai participé aux journées de l'économie à une table ronde consacrée à l'enseignement de l'économie. Vous pouvez voir la table ronde sur ce lien (vidéo). Voici par ailleurs un texte résumant quelques points sur le sujet, comme point de départ de la discussion.
Par Alexandre Delaigue
« Chrétiens d’Orient. Deux mille ans d’histoire » est l’une des heureuses expositions de cet automne à Paris. L’Institut du monde arabe qui l’organise et l’abrite a réalisé un accrochage d’excellente facture. Plus de 300 pièces sont exposées : des mosaïques, des vêtements, des objets liturgiques, le tout servi par des cartes, des frises chronologiques et des textes bien travaillés. Cette exposition est importante à plusieurs titres. D’une part parce que l’on parle beaucoup des chrétiens d’Orients depuis 2011, sans véritablement les connaître. Ensuite parce que nous commémorons le centième anniversaire des accords Sykes-Picot (1916) puis de la déclaration Balfour (1917) qui ont eu tous deux de grandes conséquences sur la région. Enfin parce qu’en dépit de sa proximité géographique, l’Orient nous est très éloigné sur le plan culturel. C’est certes un cliché de dire qu’il est compliqué et que nous avons des idées simples sur lui, mais c’est aussi une réalité.
Dans ce genre d’exposition, on pouvait craindre les poncifs larmoyants et les expressions de bien-pensance, il n’en est rien. Elle n’occulte pas les difficultés, les nombreux massacres commis et l’apport du christianisme à l’islam. C’est une exposition tout à fait fiable sur le plan historique.
Par Jean-Baptiste Noé, IdL
Les 11 années pendant lesquelles Margaret Thatcher a dirigé la Grande-Bretagne correspondent à une transformation historique des fondements de la politique économique britannique. Elle déclara un jour: "Le problème avec le socialisme, c’est que, tôt ou tard vous êtes à court de l’argent des autres". Cette critique du socialisme souligne bien sa vision libérale et fondamentalement anti-communiste qui guidera son action politique et économique tout au long de ses trois mandats en tant que Premier Ministre, de 1979 à 1990. Son slogan préféré était "There is no alternative" ("Il n'y a pas d'alternative"). Cette phrase décrit quant à elle son mode de fonctionnement, à savoir : un refus du consensus; certains diraient un refus de la concession. Ironie de l'histoire, c'est ce refus du compromis qui l'amena à la fois au pouvoir et à sa chute.